15 mars 1998. Le Front National et les régionales
15 mars 1998. A l’issue des élections régionales, quatorze régions métropolitaines sur vingt-deux sont remportées par la droite, dont quatre dans lesquelles le président du conseil régional a été élu avec le soutien du Front National. Une intense semaine de tractations politiques…
Scrutin proportionnel départemental. Bien qu’il s’agisse d’élections régionales, les conseillers régionaux sont élus dans le cadre départemental. C’est un scrutin par listes, à la représentation proportionnelle suivant la règle de la plus forte moyenne, en un seul tour. Les sièges sont répartis entre les listes ayant obtenu plus de 5 % des suffrages exprimés. Ils sont attribués selon l’ordre de présentation sur la liste.
15% pour le Front National. Ce mode de scrutin permet une représentation plus fidèle du corps électoral mais il en favorise également l’émiettement et permet plus difficilement l’émergence de majorités stables. Au niveau national, le Front national obtient près de 15% des voix. Droite parlementaire et gauche parlementaire font à peu près jeu égal, avec 36% chacun. Seules les régions Limousin et Pays de Loire connaissent une majorité absolue. Dans toutes les autres régions, la majorité n’est que relative voire à égalité, comme en Poitou-Charentes et en Franche-Comté. Si la gauche est arrivée en tête dans douze régions sur vingt-deux, elle n’est pourtant pas assurée d’en avoir la gestion. L’alliance avec le Front National peut faire basculer douze régions à droite. En Franche-Comté, un président est élu, sans son accord, avec l’appoint des voix du FN. Il démissionne immédiatement et sera réélu avec les voix de la gauche. De l’autre côté, Charles Million en Rhône-Alpes, Jacques Blanc en Languedoc-Roussillon et Charles Baur en Picardie sont exclus de l’UDF pour s’être alliés avec l’extrême-droite.
Une législation spéciale pour les budgets régionaux. Une législation particulière a été adoptée, avec les lois des 7 janvier 1998 et 19 janvier 1999, visant à empêcher la paralysie budgétaire. Dans ces conditions, un président de région peut faire adopter son budget, même en l’absence de majorité, sauf si une majorité absolue d’opposants est en capacité de présenter un budget alternatif. La gestion de nombreuses régions par des majorités relatives conduit celles-ci à la négociation voire au marchandage permanent et les fragilise beaucoup. Aussi pour dégager des majorités stables, les gouvernements de Lionel Jospin en 1999 et de Jean-Pierre Raffarin en 2003 modifient le mode d’élection, applicable à partir des élections de 2004. On passe d’un scrutin proportionnel de liste à un tour dans le cadre départemental à un scrutin proportionnel de liste à deux tours dans le cadre régional, avec une prime à la liste arrivée en tête.