1998, le scrutin regional et le Front National
1999 et 2003. Les parlementaires PS et UMP modifient le mode d’élection des conseillers régionaux. Après le scrutin de mars 1998, quatorze régions métropolitaines sur vingt-deux sont remportées par la droite, dont quatre dans lesquelles le président du conseil régional a été élu avec le soutien du Front National, dont le score est de 15 %. Il s’agit à l’époque de rendre les régions « gouvernables », sans cette formation politique.
1998 : un seul tour et des conseillers élus… par département. Bien qu’il s’agisse d’élections régionales, les conseillers régionaux sont élus dans le cadre départemental. C’est un scrutin par listes, à la représentation proportionnelle suivant la règle de la plus forte moyenne, en un seul tour. Les sièges sont répartis entre les listes ayant obtenu plus de 5 % des suffrages exprimés. Ils sont attribués selon l’ordre de présentation sur la liste.
Des majorités relatives. Ce mode de scrutin permet une représentation plus fidèle du corps électoral mais il en favorise également l’émiettement et permet plus difficilement l’émergence de majorités stables. Au niveau national, le Front national obtient près de 15% des voix. Droite parlementaire et gauche parlementaire font à peu près jeu égal, avec 36% chacun. Seules les régions Limousin et Pays de Loire connaissent une majorité absolue. Dans toutes les autres régions, la majorité n’est que relative voire à égalité, comme en Poitou-Charentes et en Franche-Comté. Si la gauche est arrivée en tête dans douze régions sur vingt-deux, elle n’est pourtant pas assurée d’en avoir la gestion. L’alliance avec le Front National peut faire basculer douze régions à droite. En Franche-Comté, un président est élu avec l’appoint des voix du FN. Il démissionne immédiatement et est réélu avec les voix de la gauche. De l’autre côté, Charles Millon en Rhône-Alpes, Jacques Blanc en Languedoc-Roussillon et Charles Baur en Picardie sont exclus de l’UDF pour s’être alliés avec l’extrême-droite.
Changement de thermomètre. La législation a été modifiée en 1999, pour rendre possible l’adoption des budgets régionaux, en cas de blocage. Dans ces conditions, un président de région peut faire adopter son budget, même en l’absence de majorité, sauf si une majorité absolue d’opposants est en capacité de présenter un budget alternatif. Mais surtout, pour dégager des majorités « stables », les gouvernements de Lionel Jospin en 1999 et de Jean-Pierre Raffarin en 2003 modifient le mode d’élection, applicable à partir des élections de 2004. On est alors passé d’un scrutin proportionnel de liste à un tour dans le cadre départemental à un scrutin proportionnel de liste à deux tours dans le cadre régional, divisé en « sections » départementales, avec une prime de 25% des sièges à la liste arrivée en tête. L’objectif, non avoué, est de rendre non possible l’élection d’un président Front National. C’est le mode de scrutin qui a été utilisé ce dimanche 6 décembre 2015 pour les élections régionales…