Comment rendre compte en quelques phrases d’une année dans les territoires, avec ses très riches heures ? En mettant en avant les événements qui ont, chaque mois, le plus marqué l’actualité. Aujourd’hui, le dernier trimestre 2018, qui nous conduit de l’appel de Marseille au réveil et à l’écoute des territoires, en passant par l’ambiance électrique du congrès des maires. Ne quittez pas (encore) votre gilet jaune…
Octobre. L’appel de Marseille. A la veille du congrès annuel des régions, les représentants de l’association des maires de France, des départements de France et des régions publient un manifeste dénonçant le recul sans précédent de la décentralisation, contraignant le Premier ministre à se rendre au congrès des régions. Exaspération. Manifeste. Adresse. Le triptyque coutumier de contestataires défendant une cause. Mais laquelle ? Ben, celle des zélus, très remontés contre un État central qui les écoute à peine poliment et les entend encore moins. Les trois principales associations dénoncent « le mépris de plus en plus flagrant d’une technocratie, enfermée dans ses certitudes et coupée de nos territoires et de nos vies ». Elles précisent que l’avenir de la France ne peut se résumer à quelques métropoles. En clair, « la conférence nationale des territoires (CNT), qui n’était qu’un lieu de concertation formelle où l’Etat et les collectivités locales constataient leurs désaccords, est un échec ».
Novembre. Ambiance électrique au congrès des maires. Chaque année, le congrès des maires de France est « le » congrès des élus. Il sert de caisse de résonnance au monde local. Il ne s’agit pas de gloser une énième fois sur l’avancement de la décentralisation. Mais bel et bien sur la colère des élus locaux, dont les maires. Nul doute que les plus hautes autorités de l’Etat vont prendre connaissance avec intérêt de l’étude publiée ces jours-ci par l’observatoire de la démocratie de proximité, et selon laquelle 49% des maires envisagent de ne pas se représenter en 2020. L’Etat, quel que soit son niveau de représentation, aura fort à faire pour répondre aux « interrogations » (version communiqué de presse), aux « irritations » (version délibération de collectivité) et, surtout, à la « désespérance » (version de la « France périphérique »), provoquée par des normes coûteuses sans cesse rajoutées, du champ en jachère, laissé par les départs des services de l’Etat dans les territoires, de l’instrumentalisation par certains de la question de la fiscalité locale.
Décembre. A l’écoute des territoires. En prise directe avec les populations des classes populaires et des petites classes moyennes dans les territoires qui souffrent, les maires ont perçu très tôt la colère monter dans les territoires. Les élus locaux ont davantage été des capteurs de la souffrance des territoires que les vecteurs de la mobilisation des gilets jaunes. Dans une logique de sortie de crise, les élus vont désormais devoir recueillir les doléances, les revendications des citoyens pour les mettre en forme. Ils vont ainsi assumer, une fois de plus, le rôle de relais sur le terrain. Et ce, à quelques mois des municipales de 2020… Les débats locaux que les pouvoirs publics ont décidé d’organiser dans les prochains mois doivent pouvoir déboucher sur des propositions de solutions acceptables par le plus grand nombre, notamment pour ce qui est de la fiscalité, qu’elle soit locale ou nationale. Le consentement à l’impôt n’est-il pas l’une des composantes essentielles du ciment d’un peuple ?