35, nombre d’or ou chiffon rouge ?
35 heures. C’est le pari fou que tente dès cet après-midi Cyril Hanouna qui va, en direct, animer une émission télévisée d’une durée consécutive de… 35 heures. Lecteur, rassure-toi, l’animateur branché ne va pas réaliser ce pari sur une semaine. Et pourtant, les « 35 heures hebdomadaires » sont un sujet qui n’est plus tabou dans la fonction publique. Décryptage après la sortie d’un (nouveau) rapport de la Cour des comptes.
35 comme l’île (aux trésors) et vilaine(s) les restrictions (possibles). Le rapport de la Cour des comptes est factuel. Il n’en est pas moins sévère. Il indique que seule une collectivité sur cinq respecte la durée hebdomadaire de 35 heures. La minoration du temps de travail prend principalement la forme de congés supplémentaires octroyés : Ici une semaine « du président », là des journées « complémentaires » ou bien encore des « récupérations spéciales ». Le système peut même tourner à l’absurde lorsque, dans certaines collectivités, une absence pour maladie peut déclencher le compteur des RTT. Traduction simple : les arrêts maladie octroient des jours de RTT que l’on prend à son retour ! Pratique, non ?
35 comme le numéro du tableau de la classification des éléments. Tiens, tiens, le 35 correspond au brome. Ce matériau est utilisé comme retardateur de flamme. Ce qui peut s’avérer pratique, avouez-le, dans l’hypothèse où il viendrait à l’idée de certains de « revenir » sur les 35 heures. Mais justement de quoi parle-t-on quand on évoque les « 35 heures » de la fonction publique ? De les « remettre en cause » ou a minima de les effectuer ? Ce qui permettrait de gagner des dizaines de milliers d’emplois. Ou, plus exactement, de ne pas avoir recours à des remplacements et autres renforts pour effecteur les heures non réalisées. Et ce en vue de remplir les obligations de service public.
35 comme l’article de la Constitution de la Cinquième République. Mais de quoi peut bien traiter cet article de notre loi fondamentale ? De la déclaration de guerre justement. C’est sûr que la remise en cause des 35 heures était jusqu’à peu considérée comme une véritable déclaration de guerre. Mais la donne a changé. Car les collectivités sont confrontées à un mandat inédit, incertain et instable. Les dépenses de personnel représentent dans les communes et intercommunalités environ la moitié des dépenses de fonctionnement. C’est dire l’importance de la nécessité de les maîtriser. Et tout l’intérêt pour les exécutifs des collectivités locales de pouvoir s’appuyer sur le rapport de la Cour des comptes. Même pas pour engager des réformes. Mais juste pour appliquer la loi…