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Alstom, l’Etat et les territoires

12 septembre 2016 | 0 commentaire

Un paradoxe que l’électeur, l’usager et le citoyen français risque d’accepter très difficilement. Comment expliquer d’un côté la fermeture annoncée de l’usine d’Alstom à Belfort et d’un autre côté le contrat historique remporté par le même Alstom aux Etats-Unis ? Et ce, à quelques jours d’intervalle.

Fleuron (industriel). Alstom est installée depuis 1879 à Belfort. Elle y a produit sa première locomotive à vapeur un an plus tard, avant de se développer dans les turbines et l’énergie. Depuis de nombreux mois, le carnet de commandes de l’entreprise ne s’est pas assez rempli. Alstom a même perdu récemment un contrat de plusieurs dizaines de locomotives diesel, achetées à son concurrent allemand par une filiale de la SNCF.

Etat (actionnaire). Les regards se tournent donc vers l’Etat-actionnaire. Lorsque l’on pèse 20% du capital d’une entreprise de cette taille, il est difficile de faire croire à l’opinion publique que « c’est la faute à pas de chance ». Car il faut mettre clairement sur la table deux choses : premièrement, à quoi sert cet Etat-actionnaire si c’est pour se contenter de déclarations de bonnes intentions sur la crise et la concurrence ? Et, deuxièmement, comment l’Etat entend-il appliquer concrètement les règles de la préférence nationale pour les commandes d’une entreprise publique ? Naturellement, il nous sera expliqué que les « règles de l’Europe » etc… etc… Cessons alors de nous étonner ensuite du rejet massif de l’Europe.

Elus (au contact). Pour un territoire tel que celui de Belfort, cette annonce ne fait que reposer concrètement la question de la fiscalité des entreprises dans les territoires. Rappelons que la fin de la taxe professionnelle en 2010 a sonné le glas du lien entre les entreprises et les territoires au sujet de la valeur ajoutée produite sur un territoire. Elle est en effet calculée désormais seulement au niveau national. Le nécessaire optimisme nous fait alors se tourner vers les élus pour trouver des solutions de redéploiement, d’adaptation, de recherche de nouvelles implantations d’entreprises. Sauf que Belfort n’a pas oublié l’affaire Gigastorage de 1996. Cette année-là, l’Etat – par le biais de son bras armé, la justice – avait emprisonné plusieurs semaines le président du conseil général de l’époque. Son tort ? S’être démené pour pallier la fermeture du site de Bull et ses centaines d’emplois, un autre ex-champion national, en allant chercher l’implantation d’autres entreprises et en trouvant les montages financiers nécessaires.

 

 

 

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