Après l’appel de Marseille
La Canebière. De notre envoyé spécial. Exaspération. Manifeste. Adresse. Le triptyque coutumier de contestataires défendant une cause. Mais laquelle ? Ben, celle des zélus, très remontés contre un État central qui les écoute à peine poliment et les entend encore moins. Les trois principales associations que sont les maires de France (AMF), les départements (ADF) et les régions (régions de France) ont publié « l’appel de Marseille ». Allons un peu plus loin, à l’aide de quelques titres d’ouvrages qui fleurent bon la censure contemporaine.
Voyage au bout de la nuit (de l’exaspération). Juste avant le congrès annuel des régions, se tenant à Marseille en fin septembre 2018, les trois principales associations dénoncent « le mépris de plus en plus flagrant d’une technocratie, enfermée dans ses certitudes et coupée de nos territoires et de nos vies ». Elles précisent que « l’avenir de la France ne peut se résumer à quelques métropoles ». En clair, « la conférence nationale des territoires (CNT), qui n’était qu’un lieu de concertation formelle où l’Etat et les collectivités locales constataient leurs désaccords, est un échec ».
L’idée de décentralisation. L’expression est empruntée au titre de l’un des ouvrages de Charles Maurras, à la fin du dix-neuvième siècle. Sur le long terme, les relations entre l’Etat et les collectivités locales s’apparentent à ce que l’ancien directeur du Monde appliquait aux relations entre les Etats-Unis et feue l’Union Soviétique : « ils dorment dans le même lit mais ne font pas les mêmes rêves ». Et les élus de demander une « concertation sincère entre l’Etat et les collectivités ».
Drôle de voyage. Le premier mérite de cet appel aura été de faire venir le Premier ministre au congrès des régions, alors qu’il avait décliné sa présence. Sur le fond, les éléments de réponse apportés ne semblent pas avoir satisfait les régions, départements et communes. Comme toujours, ce sera le verdict des urnes locales qui donnera le tempo. A cet égard, la fin du quinquennat va être riche en… élections, avec les municipales en 2020, les départementales en mars 2021 et les régionales en fin 2021. De quoi faire réfléchir tout pouvoir central, même aux velléités centralisatrices.
Comme quoi, dans la France des territoires, il n’y a pas que les métropoles. Et dans l’agenda politique, la question des collectivités locales est loin d’être refermée.