22 septembre 1900. En pleine exposition universelle, et en ce jour anniversaire de la proclamation de la République, près de 23000 maires sur 37000 participent à un gigantesque banquet, à deux pas de l’Elysée. La République au village monte à Paris. Plongeons-nous dans cette ambiance de la Belle Epoque, sans les barrières et les gestes qui, aujourd’hui, accompagnent toute manifestation…
Rassembler. L’organisation de banquets est une pratique politique dont usèrent régulièrement les opposants… dès la monarchie de Juillet. Elle s‘est transformée en coutume festive au cours de la IIIe République. Ainsi, le Président Sadi Carnot, à peine élu, offre un banquet à tous les maires des chefs-lieux d’arrondissement et de canton le 14 juillet 1888 : 4000 élus vont répondre à son invitation. Le banquet du Centenaire, offert en 1889 par la municipalité de Paris à l’occasion du centenaire de la Révolution, verra quant à lui plus de 11 000 maires réunis pendant l’Exposition universelle.
Eduquer. La grande loi communale de 1884 a maintenant seize ans. Le régime s’enracine ans les villages. Dans ces conditions, le banquet du 22 septembre 1900 est un événement éminemment politique, à la gloire de la République et de ses institutions, et du rayonnement de Paris, sa capitale, en pleine Exposition universelle. À droite du président de la République, est en effet assis le président du Sénat, Armand Fallières, futur président de la République. À sa gauche, se trouve Paul Deschanel, président de la Chambre des députés, futur président lui aussi. Le président du Conseil, Pierre Waldeck-Rousseau, les ministres, les députés, les sénateurs, la magistrature, l’armée, les personnages éminents de la nation sont également à la table présidentielle.
Régénérer. De ce lien quasi-direct entre le président de la République et « ses » maires, naîtra quelques années plus tard la « réunion » des maires de France, ancêtre de l’association des maires de France (AMF) telle que nous la connaissons aujourd’hui. Selon le vœu du protocole, le repas ne durera pas plus de quatre-vingt-dix minutes. Concrètement, le banquet a nécessité 700 tables de dix mètres de long, chacune pouvant recevoir de 32 à 36 couverts. Le menu fut composé de darnes de saumon glacées parisienne, de filet de bœuf en Bellevue, de pain de caneton de Rouen, de poulardes de Bresse ainsi que de ballotines de faisan Saint-Hubert. Si un tel déjeuner était organisé aujourd’hui, nul doute qu’un millefeuille serait offert au dessert…