Voyage en Ritalie
Ça s’est passé un 16 juin. C’était en 1965. L’ouverture du tunnel du Mont-Blanc entre le France et l’Italie concrétise le rapprochement des deux Etats. Franchissons à cette occasion le Rubicon et portons un regard sur les pouvoirs locaux de chaque côté des Alpes. A partir de la fin du XIXème siècle, vont émerger des deux côtés des Alpes, les revendications d’essence régionale, soit pour contester l’Etat centralisateur (en France), soit pour participer à la construction d’une entité d’essence supérieure (en Italie).
Risorgimento. En Italie, l’Etat s’est construit puis structuré en opposition à la suprématie de la France, de l’Église catholique et de l’Autriche. Dans la deuxième partie du XIXème siècle, l’idée nationale mobilise des fractions importantes de population, notamment à l’initiative de Mazzini dans les années 1849-1850. La construction de l’idée nationale ne peut se concevoir avec les Etats pontificaux qui, même rétractés, coupent littéralement en deux la péninsule italienne.
Aggiornamento. La Constitution italienne de 1948 institue une touche de fédéralisme et reconnaît deux catégories de régions. D’un côté, cinq régions à statut spécial bénéficient d’une réelle autonomie et de pouvoirs législatifs et administratifs larges. Ce sont la Sardaigne, la Sicile, le Trentin-Haut-Adige, le Val d’Aoste et le Frioul Vénétie julienne. D’un autre côté, les quinze autres régions, dites ordinaires, bénéficient d’une législation particulière, dont le processus a été élargi en 1990 par une loi intitulée « nouvelle réglementation des autonomies locales ». La même législation a créé neuf « villes métropolitaines », sans application à ce stade. Depuis 1999, les élus régionaux sont désignés au suffrage direct. La réforme de la constitution en 2001 donne aux régions de réels pouvoirs législatifs. Euh, on en est un peu loin de notre côté des Alpes…
Franchir le Rubicon (de réels pouvoirs locaux en France) ? En France, le rapport de l’Etat aux territoires et aux provinces a toujours été extrêmement méfiant, ce dernier contrôlant fermement les velléités autonomistes. Le régionalisme, qui s’est développé à partir du XIXème siècle, n’exprime pas nécessairement une position conservatrice, rêvant d’un retour à l’âge d’or des provinces. Il s’agit, déjà, d’une démarche d’aménagement des territoires. Sans jamais toutefois donner aux régions de réels pouvoirs dans la fixation de la norme. Faut pas trop rêver quand même… Sinon vous risquez d’être embarqué de force dans l’Aquarius et de rejoindre la Catalogne et ses déboires régionalistes…