Pour le 150ème anniversaire de la mort de Charles Baudelaire, revisitons l’un de ses poèmes, en le teintant de nuances territoriales…
J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans / Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans / De budgets, de contrôles tatillons, de procès, de romances
Avec de lourds procès roulés dans des quittances
Cache moins de secrets que l’inconstant citoyen
C’est un millefeuille, un immense bassin
Qui contient plus de communes
Tel un cimetière visité par la lune
Où, comme des remords, se traîne l’Etat
Qui s’acharne toujours sur les compétences données en l’état
Je suis un vieux pays où, année après année,
Gît tout un fouillis de terroirs surannés
Où les maires sans broncher,
Seuls, montent sur le rocher.
Rien n’égale les incompréhensibles réformes
Quand sous les lourds textes des ministères en forme
De leur volonté de la morne incuriosité,
Prend les proportions de l’immortalité.
Désormais tu n’es plus, ô matière vivante !
Qu’un granit entouré d’une vague épouvante,
Assoupi dans le fond de réformes permanentes
Tu blases le citoyen qui s’impatiente
Oublié sur la carte, et dont l’humeur spectrale
Ne chante qu’aux rayons du soleil électoral.