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Bison futé !

19 septembre 2016 | 0 commentaire

Bison futé, c’est le nouveau surnom des sociétés d’autoroutes. Orléans (A10), Agen (A62), Valence (A7), Orange (A9), Cadarache (A51)… La liste des opérations à venir sur autoroutes ressemble à un itinéraire de vacances d’été. Chouette alors ! Sauf que, cette fois-ci, vont payer les usagers et les collectivités locales, « avec l’aval du président de la République ». C’est même le secrétaire d’Etat aux transports qui l’a annoncé le 18 septembre. Alors qu’il s’agit de travaux sur les autoroutes concédées. Décryptage.

Donner sans emprunter : l’Etat. Avant la privatisation des sociétés d’économie mixte concessionnaires d’autoroutes (c’est plus chic de dire SEMCA), c’était simple : les dividendes réalisés sur les tronçons ouverts servaient à financer de nouveaux tronçons, en allongeant la durée des concessions. Cela s’appelait l’adossement. L’Etat veillait au grain. Mais le conseil d’Etat a dit qu’il fallait arrêter cela. Il faut é-qui-li-brer les opérations. Bon d’accord. Mais comment fait-on alors ? Avec un plan de financement qui inclue notamment les collectivités locales. Ah d’accord. Quitte à ce que les juridictions financières, des années après, tancent vertement ces vulgaires cousins de province aux poches percées pour avoir financé n’importe quoi et qui doivent être désormais ri-gou-reux.

Construire sans payer : les sociétés concessionnaires. On ne compte plus le nombre de plans de relance routière. On vous fera grâce de leur fastidieuse énumération. D’autant que, désormais, à chaque annonce, le nombre d’emplois (temporairement) concernés par les travaux à réaliser devient le mot-clé, répété jusqu’à plus soif, même si les emplois (pérennes) des sociétés d’autoroute baisse. Au final, ce n’est pas encore Las Vegas pour les sociétés d’autoroutes, même si elles génèrent le tiers des revenus en Europe pour moins de 20% du réseau. L’astuce ? Faire porter les hausses les plus importantes sur les tronçons les plus empruntés et recommencer chaque année. Faites le test sur l’autoroute A13 entre Mantes la Jolie et les portes de la Normandie… Bison futé, c’est le nouveau surnom des sociétés d’autoroutes.

Payer sans rien dire : l’usager et les collectivités locales. Dire que l’annonce faite dans un hebdomadaire paraissant le dimanche a suscité l’émoi des financeurs locaux est peu dire. Les financeurs locaux, ce sont les régions. Vous savez, ces collectivités « modernes », récemment redécoupées « pour répondre aux défis des territoires » et en réalité occupées depuis un an à s’organiser. Et bien elles vont mettre la main à la poche, et avec le sourire dit le Gouvernement parce qu’il y a des emplois à la clé. A quelques jours de leur congrès, voilà de quoi les réveiller et, qui sait, susciter peut-être des débats inédits sur « les régions et la tutelle de l’Etat » ou « tu payes et je décide ». Quant à l’usager, laissons-le payer deux fois, une fois quand il prend son ticket de péage et une fois quand il paye ses impôts (locaux).

Ah qu’elle est loin la disposition de la loi de 1955 indiquant que « l’usage des autoroutes est en principe gratuit »…

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