La camera explore le temps des emprunts
Non, les collectivités locales françaises ne sont pas surendettées ! Leur dette représente moins de 10% de la dette publique française, avec un total de 190 milliards d’euros d’encours. De plus, leur part dans la PIB est moindre qu’en… 1982. En forme d’hommage à Alain Decaux, qui vient de décéder, regardons les emprunts souscrits en 2015 par les communes, intercommunalités, départements et régions à travers les titres de quelques-unes de ses émissions phare.
Dossiers secrets de l’histoire (des emprunts nouveaux). Les banques publiques ont le vent en poupe ! Tout du moins pour la fourniture de prêts aux collectivités locales. En effet, six banques publiques ont fourni à elles seules près des trois-quarts des 16,7 milliards d’emprunts souscrits en 2015. La Banque postale se taille la part du lion, avec plus du tiers des emprunts nouveaux. Elle est suivie par le groupe BPCE (banques populaires Caisses d’épargne) qui a fourni un quart des emprunts. La Caisse des Dépôts a en revanche fortement diminué son apport.
L’histoire (des emprunts) en question. Allongement de la durée des prêts et abaissement des taux. Tels sont les enseignements principaux de la cuvée 2015. Etre emprunteur en 2015 est apparu être particulièrement bénéfique, avec une durée moyenne de 23 ans pour un emprunt souscrit, pour un taux moyen à 1,75%. La concurrence entre établissements s’est traduit par une forte baisse des taux de marge. La part des produits structurés risqués – les emprunts toxiques en langage courant – est ramenée à moins 4%.
La tribune de l’histoire (des prêteurs en 2015). L’une des caractéristiques du marché des emprunts est son incertitude. Ainsi l’une des conséquences, inattendue, est la baisse du recours à l’emprunt obligataire, dont la part retombe de près de 7% à moins de 5% des emprunts nouveaux, alors que tout concourait, depuis la crise de 2008, à en faire augmenter la part. À défaut d’être une garantie, la diversification des emprunteurs reste une nécessité.
Encore faut-il pouvoir se projeter pour rembourser, demain, les emprunts d’aujourd’hui. Tel est le travail des équipes actuelles d’élus, visant à maintenir un autofinancement conséquent et un excédent des recettes courantes sur les dépenses courantes.