Cérémonial chinois
Une petite phrase du président de la République, prononcée lors de son intervention devant les télévisions, nous aura renvoyé aux débuts de la Troisième République. En 1873 précisément et à cette loi qui codifie de façon tellement précise les relations entre l’Assemblée et le président de la République qu’elle sera qualifiée de « cérémonial chinois » parle chef de l’Etat lui-même. Elle aboutira même… à la démission d’Adolphe Thiers, qui était à la fois chef de l’Etat et chef du gouvernement. Instructif, non ? Mais au fait, qu’en serait-il dans les territoires aujourd’hui ?
Encre de Chine. La procédure du cérémonial chinois visait à anéantir le pouvoir d’influence de celui qui s’opposerait à vos projets. Mutatis mutandis, les instances de concertation, chaque fois renouvelées, ne viseraient-elles pas autre chose ? Les territoires n’y échappent donc pas, avec la désormais fameuse conférence éponyme qui, le matin, promet toutes les concertations possibles avec le monde local, lesquelles sont contredites l’après-midi même. Avec un texte calligraphié à l’encre de Chine. Indélébile donc…
L’empire (des procédures) du Milieu. Dans les territoires, les collectivités sont en train de préparer leur budget 2018. Pour les plus grandes d’entre elles, régions, départements, intercommunalités et communes de plus de 3500 habitants, obligation leur est faite de présenter leurs orientations budgétaires. Avec un vote explicite, et non plus une simple présentation. Et ce, quelques semaines avant le vote formel du budget. Pour être bien certain qu’il n’y aura pas de raté, on refait si besoin l’appel des élus. Dit autrement, on vote sur un texte censé être des « orientations » alors que tout est largement finalisé depuis des semaines. L’empire des procédures vous dit-on…
Diplomatie (territoriale) du panda. Pratique ancestrale, la diplomatie du panda consiste à offrir un animal géant pour améliorer les relations avec ses voisins. Et si l’Etat s’en inspirait dans ses relations avec les collectivités locales ? Il témoignerait ainsi de sa (future) amitié envers les régions, départements et grandes intercommunalités qui vont signer un « pacte de confiance » pour diminuer la dépense publique locale. Comme on dénombre sur notre territoire pas moins de 200 parcs animaliers, l’Etat territorial pourrait ainsi justement récompenser les collectivités qui acceptent sans sourciller de baisser leurs dépenses tout en continuant à financer, toujours davantage, les politiques de l’Etat. En leur offrant, pardon en leur prêtant, un animal.