50… 200… 2000… Mettons en perspective ces trois chiffres, somme de toutes les peurs. 50 milliards d’euros, c’est l’endettement de la SNCF. 200 milliards d’euros représentent la dette de toutes des collectivités locales. 2000 milliards d’euros, c’est la dette de l’Etat à lui tout seul. A l’aide de quelques titres de l’auteur américain de thrillers politico-militaires, Tom Clancy, tâchons de nous éloigner de ce danger immédiat, celui du surendettement, réel ou supposé.
La somme de toutes les peurs. Alors, la dette c’est bien ou ce n’est pas bien ? Dans l’imaginaire populaire, la connotation négative du mot semble évidente. En réalité, il convient d’opérer la différence entre une dette liée à de l’investissement, d’une part, et de l’endettement généré pour faire face à des dépenses courantes, d’autre part. Et, à ce jeu, l’endettement de la SNCF et des collectivités est à ranger dans la catégorie « dette pour investir ». Il en est tout autrement pour l’Etat dont l’augmentation de la dette, chaque année, sert à couvrir les dépenses courantes et… à rembourser d’anciens emprunts ; ce que les spécialistes appellent l’effet « boule de neige ».
Danger immédiat. Recourir à l’endettement est-il dès lors un levier de développement, une prise de risque excessive ou un aveu d’échec ? L’approche keynésienne penche incontestablement pour la première hypothèse, celle du levier de développement. A titre d’illustration, la SNCF s’est massivement endettée, ces cinquante dernières années, pour développer le réseau ferroviaire français de lignes à grande vitesse (LGV). Développement auquel ont participé les collectivités locales, même si l’Etat leur dit aujourd’hui que ce n’est pas bien d’être endetté. Non mais quel toupet !
Sur ordre. Le président de la République a annoncé récemment que l’Etat reprendrait, à tout le moins, une partie de la dette de la SNCF. Ce qui augmenterait la dette de l’Etat d’une somme comprise entre 30 et 50 milliards d’euros, soit de 1,5 à 2,5% du stock de dette. La dette étant également un concept moral, cette participation du contribuable national peut être de nature à remettre sur rail l’entreprise publique. En même temps, la France est le seul pays de l’OCDE à ne pas avoir présenté d’excédent de son budget de l’Etat depuis l’année de la sortie d’Octobre rouge…