18 septembre 1898. Les territoires déjà… La France de la jeune Troisième République rêve d’une ANCT (alliance nationale pour la conquête des territoires) efficace et efficiente. Mais, à Fachoda, dans l’actuel Soudan du Sud, Britanniques et Français sont à deux doigts d’en découdre lorsque se croisent une troupe française, emmenée par le capitaine Marchand, et une armée anglo-égyptienne conduite par un général de Sa Majesté, Lord Kitchener. L’occasion de faire le point sur les territoires coloniaux par les deux principaux empires de la Belle Époque.
ETC (échelon territorial de colonisation). Depuis qu’elle a occupé l’Égypte, en 1882, l’Angleterre rêve d’un axe nord-sud, reliant Le Caire au Cap. La France, de son côté, s’est mise en tête de relier l’ouest à l’est, de l’Atlantique (Dakar) à l’Oural, euh non, à la mer Rouge (Djibouti). Fidèle à sa tradition centralisatrice, la France met sur pied une organisation rationnelle, au moins sur le papier qui donne naissance à l’Afrique occidentale française (AOF). De leur côté, les britanniques laissent davantage d’autonomie aux territoires conquis.
PAM (programme d’Albion pour le monde). « Dr Livingstone I presume ? » s’exclame Henry Stanley lorsqu’il retrouve, épuisé, David Livingstone, ce médecin explorateur britannique qui découvre le sud de l’Afrique dans la région des Grands Lacs, à l’apogée de l’Angleterre victorienne (1837-1901). Cette phrase, teintée d’humour britannique, symbolise toutefois la férocité d’Albion quant à sa volonté intransigeante de domination lorsqu’il s’agit de planter le drapeau. C’est ainsi que, en 1898, bien qu’arrivés les premiers à Fachoda, la mission Marchand va se retirer au profit de Kitchener, après une crise diplomatique d’une intensité particulièrement forte.
PLP (propositions de localisation d’une partition) de l’Afrique. Le conflit sera évité de justesse entre une République (qui comptera 104 gouvernements en 70 ans d’existence) empêtrée dans l’affaire Dreyfus et une monarchie britannique au faîte de sa puissance. Mais paradoxalement, le recul français à Fachoda jettera les bases d’un apaisement franco-britannique. Il conduira quelques années plus tard à l’Entente cordiale et surtout, concernant les territoires coloniaux africains, à un statu quo entre les deux Empires. Les années suivantes, Albion apportera même un réel soutien à la France devant les velléités allemandes. L’ordre règne à Varsovie serait-on tenté de s’exclamer…