Faidherbe et l’administration des communes
Saint-Louis du Sénégal. De notre envoyé spécial. « Je suis né un 2 juin à Lille. Officier général français, je suis honoré au Sénégal, aujourd’hui encore. Administrateur des colonies et homme politique, ma statue trône en bonne place à Saint-Louis du Sénégal. » Qui suis-je ? Faidherbe. L’occasion d’un point sur son apport à l’administration des territoires coloniaux.
Continuum. Gouverneur du Sénégal de 1854 à 1861 et de 1863 à 1865, Faidherbe assume pleinement son rôle de colonisateur, en développant l’économie locale et en jetant les bases de la vie locale et de la future Afrique occidentale française (AOF), étendant ainsi l’influence française. Dans la complexe histoire de la France avec ses colonies, Faidherbe est ainsi l’un de ceux qui font le lien entre le Second Empire et la Troisième République. Il a rendu possible les interactions entre les procédures coloniales et les activités indigènes, en aménageant des modes proprement coloniaux de gouvernance administrative. La municipalisation de certaines villes coloniales, qui en est l’une des modalités, lui doit beaucoup. Bien avant donc les débats de la fin du XIX° qui verront Ferry le tonkinois conspué puis renversé à la Chambre des députés.
Municipalisation. Le Sénégal sera la colonie qui fait la première expérimentation de cette municipalisation où elle va coexister avec l’aventure coloniale. Elle en suit les traces et l’on signale l’existence d’un maire à Saint-Louis du Sénégal, au cours de la période des comptoirs dominée par les compagnies qui ont le monopole du commerce. Après la défaite de 1871, Faidherbe sera élu député… dans plusieurs départements, comme la loi electorale l’autorisait alors. Il sera également conseiller général du Nord (Lille-centre) puis sénateur. Le cursus honorum républicain classique en métropole…
Héritage. En 1925, il existe au Sénégal 18 communes, dont 4 de plein exercice. Trente ans plus tard, sur les vingt communes mixtes, 14 possédent une commission municipale élue. En fait, il faudra attendre la loi-cadre de 1956, initiée par Gaston Defferre, pour que la France entreprenne d’établir des communes de plein exercice dans les autres colonies. Toutefois, ces municipalités vont, les premières, faire les frais de la frénésie autoritaire des autorités postcoloniales africaines. Cette expérience prendra ainsi fin au début de la construction des pouvoirs postcoloniaux africains, au milieu des années 1960. La centralisation bureaucratique et la gestion autoritaire des activités politiques, syndicales, culturelles et sociales manifestent une réelle aversion pour tout espace autonome de vie politique…