Carpentras, 1er mai 1314. Après la mort du pape Clément V, le Sacré Collège s’installe pour élire un nouveau pape. L’occasion de parcourir en quelques étapes un petit Tour de France qui nous emmène du Comtat Venaissin à Lyon puis Cahors, avant de faire bien sûr étape en Avignon, sous la surveillance d’ASO (Avignon Sa Sainteté organisation) et le contrôle de Paris, bien que n’étant située qu’en lisière du royaume capétien. Avec le regard bienveillant de Pétrarque qui prépare son ascension du Mont-Ventoux. Mais pas (encore) en contre-la-montre !
Carpentras – Lyon. Deux ans plus tard, en 1316, la chrétienté est toujours sans pape. Sur l’initiative du frère du roi Louis X le Hutin, un nouveau conclave se réunit à Lyon, dont la mainmise capétienne sur la primature des Gaules remonte à Philippe le Bel.
Cahors – Lyon. Jacques Duèze, originaire de Cahors, ancien évêque d’Avignon et cardinal de Porto, est finalement élu. Il prend le nom de Jean XXII. Âgé de 72 ans, ses confrères ont cru voir en lui un pape de transition, malade, usé et fatigué, dont le pontificat durera finalement… 18 ans ; ce qui le place parmi les plus longs de l’histoire de la papauté.
Lyon – Avignon. En ce début de XIVème siècle, la ville d’Avignon appartient aux comtes de Provence et au duché de Naples (non, non pas les concurrents du maillot rose du Giro d’Italia…) Mais la région qui l’entoure, le Comtat Venaissin, est une possession… pontificale, et ce depuis la fin du XIIIème siècle. L’installation de Clément V en 1309 s’est inscrite ainsi dans une logique autant seigneuriale qu’apostolique mais Avignon aura été pour lui davantage une halte qu’une résidence. Au contraire, Jean XXII sera le pape qui s’implantera effectivement en Avignon, mettant en quelque sorte fin à la relative itinérance papale.
La place des papes d’Avignon dans l’imaginaire collectif français est particulièrement forte même si Pétrarque, en son temps, fustigea cette papauté indolente et davantage préoccupée des richesses culturelles et temporelles que du salut des âmes. De plus, il convient, dans la réalité de la longue construction de la France, de n’être pas très regardant sur les limites géographiques ! Car la France capétienne peine alors à s’étendre au-delà des contrées du Nord, du Parisis et de l’orléanais. Ce n’est qu’en… 1791 que le Comtat Venaissin sera définitivement rattaché à la France. Et aujourd’hui encore, l’enclave des Papes constitue l’enclave territoriale la plus importante d’un département (le Vaucluse) dans un autre (la Drôme) située dans une région, une cour d’appel , un rectorat différents.