Justice, politique et credit municipal… en 1934
Un accès d’antiparlementarisme saisit le pays et aboutit à l’émeute du 6 février 1934, place de la Concorde à Paris, menaçant le palais Bourbon. L’une des origines des émeutes ? L’affaire des faux bons au porteur du crédit municipal de Bayonne. De fil en aiguille, l’escroquerie remonte au député-maire de Bayonne puis au véritable commanditaire, Alexandre Stavisky. L’affaire Stavisky est née.
Des monts de piété aux caisses de crédit municipal. Les anciens monts-de-piété sont devenus des établissements publics à caractère social par la loi du 24 juin 1851. Autorisés à ouvrir des comptes de dépôt par décret du 24 octobre 1918, ils s’appellent désormais des caisses de crédit municipal. Leur principale activité est l’attribution de prêts sur gage et à court terme. Pour ce faire, elles disposent d’un monopole légal. Le directeur du crédit municipal de Paris déclare dans le journal Le Temps, le 3 mai 1933, que l’Etat est responsable de la gestion des crédits municipaux. Cette affirmation va faire le bonheur de l’escroc Stavisky, vis-à-vis de ses proies crédules.
Le beau Sacha. L’arrestation du directeur du crédit municipal de Bayonne fait remonter l’affaire à Stavisky lui-même. Bénéficiant de complicités multiples au sein de la police, Stavisky a déjà été poursuivi pour fraude à plusieurs reprises au cours des années précédentes et relaxé 19 fois. L’enquête, menée la section financière du parquet de Paris, permet de découvrir les nombreuses relations entretenues par l’escroc dans les milieux de la police, de la presse et de la justice, ainsi que des parlementaires et ministres. Le procureur général, beau-frère du président du conseil Camille Chautemps, avait fait en sorte que Stavisky vît son procès indéfiniment reporté. Beaucoup de personnalités ont été très proches du « beau Sacha » et comptent sur son silence. Stavisky est retrouvé agonisant dans un chalet de Chamonix le 9 janvier 1934.
Le scandale politique. L’affaire fait éclater un scandale politique, en révélant que Stavisky était déjà poursuivi par la justice, les poursuites étant étouffées sur intervention de ministres ou de parlementaires corrompus. Elle se solde tout d’abord par la chute du gouvernement de Camille Chautemps. Les adversaires du régime voient dans cette affaire une nouvelle preuve de son abaissement. Aujourd’hui, une telle affaire pourrait-elle se reproduire ? Non bien sûr… En raison de l’affirmation, répétée à satiété, de l’indépendance de la justice face au pouvoir politique…