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La décentralisation est-elle de droite ou de gauche ? 3/5- A la fin du XIX° siècle, la gauche républicaine s’empare du sujet

24 octobre 2011 | 0 commentaire

A chaque rendez-vous électoral, national ou local, les analyses sont marquées par cet affrontement droite-gauche, provoquant alors ces « poussées de fièvre hexagonale » pour reprendre l’expression de l’historien Michel Winock. La décentralisation échappe-t-elle à ce phénomène ? A la veille de l’échéance présidentielle de 2012, parcourons notre histoire depuis la Révolution, en analysant ce thème, en cinq épisodes.
Aujourd’hui, le troisième épisode nous conduit à la fin du XIX° siècle, avec les avancées majeures de la République dans les territoires par la loi du 5 avril 1884.

» Le programme de Nancy. Il occupe une place capitale dans l’histoire de la décentralisation. Rédigé à la fin de l’Empire, dans sa période plus libérale, il n’est l’œuvre d’aucun poids lourd politique, mais une contribution de plusieurs intellectuels lorrains, dont la phrase capitale résonne comme un écho : « ce qui est national à l’Etat ; ce qui est régional à la région ; ce qui est communal à la commune ». La décentralisation tient son mot d’ordre.

» A gauche, la Commune de Paris. Celle-ci prône en 1870 un fédéralisme intégral qui réduirait quasiment à néant le rôle de l’Etat, affolant tout autant les républicains que les conservateurs, et rendant d’autant plus nécessaire une législation décentralisatrice. Au début de la III° République, la gauche, de tradition jacobine, va laisser à la droite – plus exactement aux forces conservatrices – le thème de la décentralisation, avec toujours la nostalgie des particularismes locaux liés aux provinces de l’Ancien régime.

» Au centre-gauche, l’apport majeur des républicains « opportunistes » avec la loi du 5 avril 1884. L’avancée majeure de la décentralisation initiée par cette loi a été rendue possible par le retour au pouvoir de Jules Ferry, avec Waldeck-Rousseau au ministère de l’Intérieur. La « République opportuniste » (à l’époque, l’expression n’est aucunement péjorative), fait le pari de la démocratie locale par l’élection au scrutin direct des conseillers municipaux, ainsi que par cette disposition-choc : « le conseil municipal règle, par ses délibérations, les affaires de la commune ». Par cette loi, la République entre concrètement dans les communes.

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