En hommage à Marc Fumaroli, qui vient de décéder. Il avait dénoncé les menaces pesant sur une société par la dissolution de ce que les pourfendeurs appellent l’élitisme mais qui n’est autre que la culture générale. A l’aide de quelques-uns de ses ouvrages, on vous propose un petit détour sur ce sujet sensible, sans oublier naturellement l’actualité des zélus.
L’état culturel. Avec un sous-titre éclairant, Essai sur une religion moderne, Marc Fumaroli stigmatise ce qu’il perçoit comme un dévoiement déshonorant de la notion même de culture, dont certains des ministres, depuis les années 1960 peuvent apparaître comme les dangereux promoteurs. Mais, attention, pas de nom hein ! Car le bucher de Torquemada n’est jamais très loin pour ceux qui s’amusent à dénoncer un abaissement de l’esprit dans la promotion du consumérisme culturel.
Orgies et fééries. Spécialiste reconnu de Corneille et plus encore de La Fontaine, Marc Fumaroli n’oubliait de rappeler que cet auteur ne s’interdisait pas, loin de là, un certain esthétisme sensuel, agrémenté de l’éloge et la célébration d’une sociabilité fondée sur la connaissance et la courtoisie. Le Grand Siècle, quoi…
Quand l’Europe parlait français. C’est sûr que pour les nouveaux zélus, il va falloir dès dimanche calculer le « spread » de la dette (locale). Avant de se gratter la tête pour savoir si l’évaluation de leurs politiques est bien « on going » ? Ah mais, on oubliait, ils seront encore tout ébaubis des accords « win win » qu’ils auront passés, qui avec les verts, qui avec les insoumis, qui avec les dissidents. Mais toujours dans l’intérêt public, hein…
Pour finir, une phrase qui figure au frontispice d’un lycée de la défense et que n’aurait pas reniée Marc Fumaroli : « La véritable école du commandement est donc la culture générale ». Elle se trouve dans l’ouvrage de Charles De Gaulle, Vers l’armée de métier, publié en 1934, et s’interprète à l’aune de l’une des phrases qui suit : « Au fond des victoires d’Alexandre, on retrouve toujours Aristote ».