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La sarcellite

26 octobre 2015 | 0 commentaire

En 1962, le terme de sarcellite est employé pour la première fois. Il évoque la maladie des grands ensembles et désigne plus précisément les difficultés posées dans les cités. Il y a dix ans, en octobre 2005, le décès de deux jeunes électrocutés à Clichy-sous-Bois (93) dans l’enceinte d’un poste électrique, alors qu’ils cherchent à échapper à un contrôle de police, donne le signal d‘un embrasement des banlieues. Opérons un aller-retour sur ces deux événements.

 

Grands ensembles. La ville de Sarcelles vit s’édifier un des premiers grands ensembles français de 1955 à 1970. Dans un contexte national de pénurie de logements amplifiée par le solde naturel très positif du baby-boom et dans le même temps une immigration massive mais également le rapatriement des Français d’Algérie dont un nombre significatif s’installera à Sarcelles, un grand-ensemble de plusieurs dizaines de milliers de logements, dit de première génération ; c’est-à-dire caractérisé par urbanisme de longues barres horizontales, sans recherche architecturale, le long des rails implantés pour les grues de chantier. Le quartier s’installera ex-nihilo au milieu des champs de la bourgade sarcelloise.

 

Campagne. A Sarcelles même, Le quartier de Lochères est construit entre 1955 et 1976 par les architectes Jacques-Henri Labourdette et Roger Boileau. Les premiers habitants arrivent en 1956. Il comporte 12 368 logements en location et en propriété. Une campagne menée par la grande presse quotidienne, telle que Le Figaro et France-Soir, voit se dégager peu à peu le thème de la « sarcellite ». Par extension, ce nom va être donné à la maladie des grands ensembles français, lorsque les répercussions déprimantes des nouvelles constructions furent incarnées, aux yeux des observateurs, par Sarcelles. Cette expression a désigné cet état dans toutes les banlieues françaises.

 

Emeutes urbaines. Il y a dix ans donc, en 2005, et à la suite du décès des deux jeunes, les violences urbaines se déclenchent dans les quartiers les plus défavorisés du pays qui concentrent taux de chômage élevé, forte délinquance, situations d’échec scolaire et une grande densité de logements sociaux, loin des centres villes, des quartiers d’affaires et des quartiers touristiques. L‘état d’urgence est déclaré le 8 novembre 2005, puis prolongé pour une durée de trois semaines consécutives. Un mois plus tard, on dénombre plus de 10 000 véhicules incendiés, des bâtiments publics calcinés, des écoles vandalisées, souvent des écoles maternelles, ainsi que des pillages de maisons associatives, des passagers d’autobus menacés de mort.

Les trois semaines de violence urbaine de 2005 restent les plus importantes agitations en France depuis mai 1968. Le programme national de rénovation urbaine, ou PNRU, a certes permis de rénover plus de cinq cents quartiers en France en moins de dix ans, mais sans forcément permettre de trouver du sens ni du travail à ses habitants, dans nos sociétés ouvertes et désenchantées.

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