Çà s’est passé un 9 juin. C’était en 1885. Cette année-là, la Chine renonce à ses droits sur l’empire du Vietnam, concrétisant la puissance coloniale de la France. A la manœuvre politique ? Jules Ferry notamment. Oui, notre histoire forme un tout. Et l’épopée coloniale, conduite ici sous la Troisième République naissante, fait pleinement partie de notre récit national. La France ne saurait donc tomber dans la repentance permanente et transformer son histoire en commémorations, forcément toutes politiquement correctes, en rejetant toujours plus de son passé.
Ferry le tonkinois. Avec le traité de Hué du 25 août 1883, la France impose son protectorat à l’empereur du Vietnam. Toutefois, la Chine voisine conteste ce traité et ses troupes irrégulières, les Pavillons noirs, harcèlent les forces françaises. À Lang Son, une ville du Tonkin proche de la frontière chinoise, le lieutenant-colonel Paul-Gustave Herbinger décide, en mars 1885, de replier ses troupes. L’affaire, « le désastre de Lang Son », est montée en épingle à la Chambre des députés, à Paris. Les radicaux groupés autour de Georges Clemenceau dénoncent la politique coloniale de Jules Ferry, surnommé pour l’occasion « Ferry le Tonkinois ». Le 30 mars 1885, au lendemain d’une manifestation populaire devant la Chambre des députés, le gouvernement est renversé.
L’administration indochinoise. Toutefois, à partir de 1887, la France réunit ses possessions du Sud-Est asiatique dans une Union indochinoise. Les trois provinces de l’ancien empire du Vietnam, se retrouvent à nouveau séparées sur un plan administratif, avec le Tonkin au nord, traversé par le fleuve Rouge, l’Annam au centre, essentiellement montagneux, et la Cochinchine au sud, constituée par le delta du Mékong. L’ancien ministre Paul Bert devient le premier résident général de l’Annam-Tonkin. Il va prendre des mesures concrètes pour associer les Vietnamiens à la gestion de leur pays, notamment en créant un conseil de notables.
Fonctionnaires… territoriaux (autochtones). A partir de 1897, lorsque Paul Doumer est nommé au Gouvernement général, l’Indochine va acquérir une substance administrative. Il met en place les services généraux du Gouvernement général et obtient en 1898 la création d’un budget général de l’Indochine. Les Français s’appuient alors sur un fonctionnariat autochtone. En effet, bien que relativement présents, les fonctionnaires français ne sont pas suffisamment nombreux pour assurer l’administration de la colonie et des deux protectorats. De nombreux mandarins annamites vont coopérer avec les Français et constituer ainsi un relais indispensable pour les autorités coloniales. Le recrutement des fonctionnaires y sera donc majoritairement local.