28 juin 1919. Il y a cent ans, le traité de Versailles, presque retombé dans l’oubli… L’Allemagne paiera disaient les slogans ! L’Alsace et la Moselle, les territoires perdus, reviennent officiellement dans le giron de la France. Ces deux régions d’Europe, enlevées à la France en 1871, ont naguère fait partie du saint-Empire romain germanique, dont on fête d’ailleurs en ce 28 juin le 500ème anniversaire de l’élection de Charles Quint. Du point de vue des territoires, quelles incidences aujourd’hui encore ? Sans oublier la question des réparations…
Des statuts particuliers. En matière économique, est mis en place un statut particulier pour l’artisanat et de l’apprentissage, une gestion spéciale de la forêt publique, un droit communal alsacien-mosellan, une réglementation de la chasse et des dispositions sur le repos dominical sans oublier les règles pour les bouilleurs de cru (non, non, PMF…). Pour ce qui est de la santé et de l’action sociale, voient le jour un régime d’assurance maladie particulier pour les agents du secteur privé, le régime local d’assurance-maladie d’Alsace et de Moselle, une caisse de retraite spécifique pour le privé ainsi qu’un droit associatif pour les particuliers aux possibilités étendues.
Des congés en plus et… les trains à droite. Au-delà du régime spécifique des cultes juridiquement en vigueur depuis lors, les trois départements bénéficient de deux jours fériés supplémentaires, à l’occasion du vendredi saint et du lendemain de Noël. De même, en Alsace-Moselle, les trains circulent à droite, comme… en Allemagne. Précisons que dans le reste de la France, ils circulent à gauche.
Les réparations. Qu’a payé l’Allemagne, et combien cela représenterait-il aujourd’hui ? Éternel sujet qui a alimenté les gazettes durant des décennies, tout comme les emprunts russes de la Belle Époque. Sur les 132 milliards de marks-or, l’Allemagne en a payé 20,6 milliards de marks-or. Que l’on se base sur l’inflation, sur l’or ou sur le PIB, cette somme représenterait l’équivalent d’une centaine de milliards d’euros d’aujourd’hui, soit 2 à 3 % de la richesse annuelle allemande pendant dix ans, de 1919 à 1929. Deux petites précisions pour mettre ce chiffre en perspective : d’une part, en 1871, la France paya à l’Allemagne l’équivalent de 9 % de de sa richesse nationale la première année et 16 % la seconde et cela fut alors terminé ; d’autre part, entre 1958 et 2000, l’Allemagne a payé une contribution nette actualisée hors inflation au budget européen de 160 milliards de marks.