Je m’avance masqué. Telle est la devise que Descartes s’était donné, par prudence envers la censure de l’époque. Et comme nous fêtons le 8 juin l’anniversaire de la publication du discours de la méthode, arrêtons-nous sur cette maxime redevenue d’actualité, tout du moins pour ceux qui s’aventurent dans l’espace public, en prenant le train par exemple. Dès lors, regardons, du côté des collectivités locales, comment peut avancer désormais le projet de loi « décentralisation, différenciation et déconcentration » ou 3D ?
Communiquer. A l’issue du grand débat de l’hiver 2018-19, le président de la République avait indiqué aux élus locaux qu’il entendait conduire un nouvel acte de décentralisation. A l’été 2019, le Premier ministre en avait précisé le calendrier, avec un projet de loi qui devait être présenté après les échéances électorales du printemps 2020. Le covid-19 a naturellement fait (et pas qu’un peu) bouger les lignes du calendrier. Mais on aurait tort de s’arrêter à cette question de calendrier, non mais ! Car les zélus, eux, ont su communiquer à coup de distribution de millions de masques et d’annonces économiques en faveur des territoires.
Répartir. Mais comment manifester cette nécessité d’une approche nouvelle dans les textes ? Sur cet aspect, il n’est pas certain, pour manier l’euphémisme, que l’État et les collectivités considèrent les choses de la même manière. « Simplification » dit L’État. « Laissez-nous intervenir dans les territoires. Sur tout. Partout. Tout le temps. Par tous les acteurs » répondent en chœur les communes, nouvelles ou non, les intercommunalités, les départements, les régions, pour une fois d’accord, ensemble. Et le citoyen (version participation à la vie locale) ? Ou le contribuable (national ou local) ? Voire l’usager (version accès aux services), comment s’y retrouve-t-il ? Bon écoutez, allez déjà voter le 28 juin !
Financer. La cigale (territoriale) risque de se retrouver fort dépourvue lorsque l’hiver (des finances) sera venu. Jusqu’ici, tout va bien. L’État garantit les recettes, fait des avances sur la fiscalité, conforte les interventions des uns (les régions) mais pas des autres (les départements). Chaque année, lato sensu, les interventions financières de L’État en faveur du monde local dépassent allègrement les 100 milliards d’euros. Ce chiffre ne manquera pas de ressortir lorsque l’on calculera le déficit annuel de L’État pour 2020, grosso modo du double.
Ce qu’il faudrait, en réalité, ce serait un discours fondateur. Sur quelque chose de simple. Pourquoi pas un discours de la méthode ? Mais c’est bien sûr…