L’auberge espagnole
L’Europe des régions. L’Europe et les régions. Pendant des décennies, Bruxelles n’a eu que ce mot à la bouche pour encourager les pouvoirs locaux à se libérer du carcan des Etats. Le régionalisme était l’avenir des vieux Etats. Les fonds européens devaient être gérés par les régions. La crise catalane provoque aujourd’hui des mouvements strictement inverses. Vérité en-deçà des Pyrénées donc et mensonge au-delà ?
L’amour est dans le pré(découpage). La constitution espagnole de 1978 garantit le « droit à l’autonomie des nationalités et des régions ». Catalogne, Pays basque et Galice ont été les premiers à se constituer en communautés autonomes. Et cette transformation a été présentée comme « le » modèle à suivre, et largement encouragée. Partout en Europe.
The Voice (of independance). La Catalogne est l’une des plus riches régions d’Espagne, avec près de 20% du PIB national. Elle assure le quart des exportations des PME nationales. Depuis le référendum du dimanche 1er octobre, voilà que le FMI s’en mêle, en estimant que «les tensions et les incertitudes» pourraient «peser sur la confiance et les décisions d’investissement». L’agence de notation Fitch n’est pas en reste, plaçant la dette « sous surveillance ». Une grande banque vient d’annoncer le déménagement de son siège social hors de Catalogne.
Le bureau des légendes (du fédéralisme). Poursuivons, au-delà de la ligne bleue des Vosges, sur le modèle allemand. Il y est souvent présenté comme un modèle de décentralisation et d’autonomie. Précisons simplement que les länder allemands sont les collectivités les moins indépendantes financièrement. En effet, leurs dotations et la fiscalité y sont affectées. La marge de manœuvre au plan local y est donc quasi- nulle.
La crise catalane vient rappeler que les Etats, loin d’être dépassés, permettent de maintenir l’unité nationale. Mais ils doivent aujourd’hui (re)trouver le moyen et les instruments pour la faire vivre. Concrètement. Et au plus près des habitants.