A Rouen, sur le bûcher des anciennes régions, une ambiance fin de règne ne manquera pas de se faire sentir au congrès des régions entre les futures disparues, les nouvelles promues, celles qui ne changent pas et celles qui verraient bien se faire adjoindre une partie d’une autre. Oublions quelque peu les querelles de découpage et ne pensons pas (encore) à la campagne électorale de cet automne. Projetons-nous plutôt sur ce que devrait être, demain, une région efficace au service des usagers. On hésite bien sûr à dire des contribuables puisque les recettes fiscales des régions sont pour le moins limitées. Trois idées émergent : concentrer la région sur ses compétences, dissocier la présidence de l’assemblée de celle de l’exécutif et définir un mode de fonctionnement agile pour les milliers d’agents de chaque région.
Se concentrer sur ses compétences. La région détient quatre compétences essentielles que sont les transports, la formation, les lycées et l’économie. Ces quatre compétences se traduisent par des moyens financiers conséquents mis en œuvre dans les territoires. Dès lors, une région efficace des concentrera demain sur ses compétences phare, sans chercher à intervenir partout, au risque d’une dilution de son action, de ses moyens financiers, désormais fortement contraints par l’Etat lui-même.
Dissocier la présidence de l’assemblée de l’exécutif. Les débats sur le pouvoir réglementaire autonome des régions sont épuisants et tournent à la stérilité. La raison ? Le gouvernement central en France a du mal, vraiment, avec une quelconque autonomie juridique des régions. Ce qui était valable hier sous la monarchie et l’Empire l’est tout aussi aujourd’hui. Dès lors, attaquons-nous à un autre sujet, celui de la confusion actuelle des pouvoirs entre le chef de l’exécutif régional et le président de l’assemblée délibérante. Que dirait-on si la même personne exerçait les fonctions de Président de la république, de premier ministre et de Président de l’Assemblée Nationale ? On convoquerait Montesquieu et la constitution américaine immédiatement. Eh bien, c’est actuellement ce qui se passe pour les régions en France ! Osons donc une réforme simple, en dissociant la présidence de l’assemblée de celle de l’exécutif de la région.
Définir un mode de fonctionnement agile. Près de 100 000 agents exercent aujourd’hui leur activité professionnelle dans les régions. Dans le nouveau découpage, certaines régions vont compter pas moins de 10.000 agents, voire beaucoup plus en Ile-de-France. Dès lors, il est indispensable de mettre en place un mode de fonctionnement qui ne transforme pas ces collectivités en blockhaus, composés eux-mêmes de citadelles. Citadelles imprenables car rendant les initiatives non seulement difficiles mais quasiment impossibles, au nom de la « cohérence », de « l’unicité » et de « l’égalité ». Les régions de demain doivent pouvoir permettre aux territoires de conduire des expérimentations, de tester ici une aide économique déléguée, là une conduite des transports, ailleurs des actions de formation au plus près du terrain.