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Le je-ne-sais-quoi et le presque-rien des capitales regionales

11 mai 2015 | 0 commentaire

La bataille fait rage … pour les futurs chefs-lieux de région. Le gouvernement a confirmé le 22 avril dernier qu’il adaptera son organisation à la nouvelle carte de 13 régions qui entrera en vigueur le 1er janvier 2016. Certes ! Mais derrière cette belle intention simplificatrice, la réalité est plus complexe. Appelons à l’aide le philosophe Vladimir Jankélévitch et son ouvrage Le-je-ne-sais-quoi-et-le-presque-rien pour tâcher de décrypter les conséquences des décisions possibles.

L’intention bienfaisante. La logique semble simple et aisément compréhensible : dans un rapport remis en avril 2015 sur la réforme territoriale, des inspections recommandent de concentrer les services régionaux de l’Etat dans les villes qui seront les chefs-lieux des nouvelles régions. Pour plus d’efficacité, ces villes devront aussi accueillir l’hôtel de région, selon les hauts fonctionnaires. Les villes qui perdront leur statut de chef-lieu verraient plusieurs centaines d’agents les quitter. Au passage, remarquons qu’il a fallu pas moins de trois inspections générales et huit inspections ministérielles pour arriver à cette conclusion frappée du sceau du bon sens.

Le je-ne-sais-quoi. Pour les régions aux contours inchangés, tout va bien puisque rien ne change ! Pour les autres, la tentation est grande de satisfaire les uns et les autres en s’orientant vers un vaste barnum. En prenant un exemple –  fictif bien sûr ! – cela pourrait donner ceci : à toi la capitale régionale (Strasbourg), à toi le siège de la région (Metz), à toi le siège de l’agence régionale de santé (Nancy) et à toi une institution telle que la chambre régionale des comptes (Epinal).

Le presque rien. Tant qu’à faire, on pourra continuer dans l’éclatement : la préfecture de région au siège de la capitale régionale (heureusement !) et les services des directions régionales de  l’Etat éclatés. C’est ce que l’un des rapports nomme le scénario appelé « bi-site jumelé ». Mais si, mais si, avec un bon dictionnaire, l’électeur moyen va comprendre où il doit désormais se rendre pour accomplir ses formalités dans un Etat « moderne et simplifié ». Que l’on se rassure, on peut aller plus loin encore et décliner cette analyse combinatoire pour la région : le siège du conseil régional à un endroit, et la commission permanente à un autre et le conseil économique et social régional (CESR) encore ailleurs.

Une chose est sûre : l’Etat uniforme a vécu. Mais comme disait la maxime, le désordre est-il préférable à l’injustice ?

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