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Le milliard des regions dans les quartiers : est-ce bien raisonnable ?

22 juin 2015 | 0 commentaire

Qui pourrait être contre l’engagement d’un milliard d’euros supplémentaire dans les quartiers, au risque de passer pour un sinistre « sécateur maire »… Mais les choses deviennent plus nébuleuses lorsque l’on voit que ce sont les régions qui vont, sur plusieurs années, mettre une telle somme au pot. Ah bon, on croyait que leurs finances étaient exsangues ? Qu’elles demandaient – pardon exigeaient – de l’Etat davantage de pouvoir fiscal et de ressources financières. À quelques jours du dernier congrès des régions, sous leur forme actuelle, décryptons ce sujet avec des titres des romans de Michel Folco.

Même le mal se fait bien. Mettons ce chiffre de 1 milliard en perspective. Vers le niveau micro, celui du quartier en rénovation, il y a près de 750 quartiers « concernés » en France. Au niveau macro, le coût total des rénovations pour les six années à venir dépasse les 50 milliards d’euros. Donc les régions vont contribuer à un peu moins de 2% du coût total des rénovations. Ce qui veut dire passage en commission spécialisée, vote en séance plénière, déclinaison en commission permanente, suivi, évaluation et sans oublier la consultation citoyenne. Et ce pour chacun des quartiers concernés.  Avec à chaque fois mobilisation des élus et des services. Tout en sachant que l’Etat, les intercommunalités, les offices de logement… font exactement la même chose de leur côté… Sachant qu’une opération dans un quartier représente sur la durée plusieurs centaines de réunions…

En avant comme avant. Cet exemple n’a rien de caricatural. Il est une illustration de plus de la façon dont les régions se sont construites depuis une trentaine d’années, avec la recherche d’une légitimité, notamment auprès des autres collectivités locales, en intervenant tous azimuts dans ce que l’on appelle pudiquement les politiques d’aménagement du territoire, mais qui s’apparente en réalité à du saupoudrage. Les régions ont pu se le permettre en augmentant massivement leur fiscalité dans les années 1990 et début des années 2000. Depuis, l’Etat a sifflé la fin de la recréation (fiscale). Mais visiblement, les régions disposent encore de la ressource…

Dieu et nous seuls pouvons. En partant du principe que l’Etat décide (encore) du pouvoir normatif et que le contribuable paie (au final) la note, il serait peut-être temps de concevoir autrement les politiques publiques locales. En mettant fin aux surcoûts des financements croisés. Et en l’affirmant nettement : la situation des finances publiques exige que chaque niveau de collectivité se (re)centre sur ses compétences. Il y gagnera en efficacité et surtout en temps, denrée précieuse, pour les comités de pilotage à plusieurs dizaines de participants, plusieurs fois par an, dans plus de 700 quartiers.

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