Le train regional sifflera trois fois
Petite devinette. Je suis la plus importante des compétences des régions et pèse plusieurs milliards d’euros par an. Mon activité rend fébriles chaque jour des millions de Français par la crainte des retards. Mon donneur d’ordre, l’Etat, qui vient de bouleverser ma carte territoriale, n’hésite jamais pas à se délester sur moi. Mais il sera néanmoins absent du congrès annuel de mes représentants. Qui suis-je ? La compétence « transports » des régions bien sûr ! A sa décharge, il est vrai que le congrès se passe dans la seule ville de France de plus de 100.000 habitants, Rouen, dont le temps de transport ferroviaire depuis Paris a augmenté depuis 100 ans… Arrêt sur image avec trois sujets sensibles dans les transports.
L’express du colonel régional. Quand un terme simple prend une formulation compliquée, le loup n’est jamais très loin ! C’est exactement ce qui se passe avec les « TET », pardon les trains d’équilibre du territoire. Les TET, ce sont les Corail d’autrefois. L’exploitation de leurs lignes est déficitaire. On n’a qu’à les transférer aux régions ? Avec des « ressources adéquates » et des « compensations » naturellement. Pour ce qui est des ressources, certaines voix avancent même l’idée d’une « écotaxe régionale poids lourds ». C’est sûr que les bonnets rouges ne vont pas se rendormir…
La coordination s’est arrêtée à Eboli. Le gouvernement a beau répéter que la région est la collectivité d’avenir, les compétences régionales en matière de transport ont été rabotées à l’occasion de l’examen du projet de loi NOTRe (nouvelle organisation territoriale de la République). Le transport à la demande (TAD) et le transport scolaire retournent dans l’escarcelle du département.
La région, ville ouverte… Faire et défaire. En janvier 2014, la loi MAPTAM (modernisation de l’action publique etc…) fait de la région le « chef de file » des politiques d’intermodalité. En langage accessible pour le citoyen, la région a son mot à dire pour les ouvertures de ligne par un autocariste. Avec la loi Macron, les régions ne peuvent réguler que jusqu’à 100 kilomètres. On a un peu de mal à comprendre la cohérence entre l’agrandissement de la taille des régions et le raccourcissement de leur champ d’intervention.
On comprend mieux l’absence, à ce stade, de tout représentant du gouvernement au congrès des régions…