L’Etat peut dormir tranquille et préparer les mesures financières fiscales, profitant à merveille de la devise des monarques « diviser pour régner », que Louis XIV avait fait sienne… En effet, l’automne est la saison traditionnelle des congrès des principales associations d’élus : entre la mi-septembre et la fin novembre, les principales associations d’élus vont tenir leur grand’messe annuelle avec, en clôture, le salon des maires et des collectivités locales qui se tient à Paris, et à l’occasion duquel sera élu le successeur de Jacques Pélissard, Président de la très écoutée et puissante association des maires de France, et qui aura marqué de son empreinte les relations entre l’Etat et les collectivités. A cette occasion, glissons-nous dans la peau du quarteron de la décentralisation, cet individu qui endosse tour à tour ou simultanément le costume de l’électeur, du contribuable, de l’usager et du citoyen pour observer ces congrès de l’automne.
Définition. Le quarteron a trouvé des associations (association des maires de France, association des régions de France) ou des assemblées (assemblée des départements de France, assemblée des communautés de France). Il a quelque peu hésité quant à la forme des réunions. En effet, il a vu sur internet qu’il pouvait s’agir de convention, de salon ou de congrès. Bref, l’on se trouve face à une jolie polysémie.
Eparpillement et concurrence. La recherche de l’idée générale de ces congrès n’est pas des plus aisés. Il est vrai que notre quarteron a bien entendu parler des nécessités du nouveau souffle de la décentralisation. Mais il s’est quelque peu égaré dans la diversité des thèmes retenus pour les réunions, puisque chaque structure se présente naturellement comme étant centrale dans le débat :
- à Paris, le 24 septembre, les maires des grandes villes de France débattront de la République dans les territoires ;
- à Toulouse, les 9 et 10 octobre, l’Association des régions de France (ARF) cherchera rien de moins qu’à « redessiner les régions » ;
- à Lille, les 9 et 10 octobre, ce sera le congrès de l’Assemblée des départements de France (ADF) avec pour thème « la France des départements, solidaire et entreprenante » ;
- à Lille, les 9, 10 et 11 octobre, se déroulera la convention de l’assemblée des communautés de France (ADCF) intitulée « emploi, croissance, investissements : de nouvelles alliances territoires – entreprises ;
- enfin à Paris, fin novembre, l’association des maires de France (AMF) organise le salon des maires et des collectivités locales, avec pas moins de 70 tables rondes, débats et rencontres, et cherchera à « donner les clés de compréhension face au choc financier et la réforme territoriale.
« Divide ut regnes ». Mais, au fait, ne serait-il pas temps que soit organisé un temps fort de la décentralisation, au moyen d’une convention d’ensemble ? Quel que soit le nom retenu, ce temps fort aurait en point central les interrogations, dans les territoires, de celui qui est tour à tour usager des services publics locaux, contribuable local, citoyen actif dans les associations et électeur. Au lieu de cela, les associations – Régions de France ; Départements de France ; communautés de France – se livrent à une concurrence acharnée les conduisant à se réunir les mêmes jours en des lieux différents. Il ne reste à l’Etat qu’à cueillir les fruits de la discorde. Divide ut regnes, la devise de Louis XIV, s’aplique à merveille. Et l’Etat n’a même pas à susciter d’éventuelles discordes : elles apparaissent toutes seules ! Trop facile …