Les 23 et 30 mars 2014 vont se dérouler les élections municipales en France. Il s’agira du douzième scrutin municipal depuis la Quatrième République. L’occasion de faire un point sur ces élections en quatre épisodes :
1- La Quatrième République a été marquée par de très forts scores des gaullistes et des communistes au plan local de 1947 à 1958.
2- Les élections municipales ont plutôt mal réussi au gaullisme triomphant des débuts de la Cinquième République de 1959 à 1971.
3- La montée en puissance du local est favorable à la gauche et à ses alliances, au tournant de la décentralisation lors des élections municipales de 1977, alors que la droite emporte les municipales en 1989.
4- Les municipales sont fortement observées au plan national de 1995 à 2008, avec un scrutin décalé en 1995 et un mandat rallongé d’un an en 2008 (4).
1- La Quatrième République et les élections municipales (1946 – 1958)
Les conditions d’exercice des mandats locaux sont ceux de la loi du 5 avril 1884, c’est-à-dire que le préfet a la capacité d’empêcher toute initiative locale. Son visa préalable est en effet nécessaire à toute décision prise par une municipalité.
1947. Gaullistes et communistes représentent plus des deux tiers des suffrages. Les 19 et 26 octobre 1947, ont lieu les premières élections municipales de la Quatrième République, sur un fond de Guerre froide et du début des guerres coloniales. Le Parti communiste obtient 29,9 % des suffrages. Il s’agit alors du plus fort score jamais atteint par le PCF. Mais il est devancé par les candidats du Rassemblement du peuple français (RPF), mouvement créé pour l’occasion et se réclamant du général De Gaulle, qui obtient 38 % des voix, alors que De Gaulle a quitté le pouvoir en janvier 1946. Parmi les grands noms élus figure Jacques Chaban-Delmas, qui devient maire de Bordeaux et le restera jusqu’en 1995.
1953. Fort score du PCF et alliances des socialistes et modérés.
Six ans plus tard, les élections se déroulent les 26 avril et 3 mai 1953. Les gaullistes sont en fort recul. Le Parti communiste maintient quant à lui un score très élevé, s’ancrant fortement dans certains territoires industriels, et notamment en région parisienne. Ce scrutin se caractérise également par l’apparition d’alliances municipales entre les socialistes et les modérés, comme à Arras où Guy Mollet est élu. Ces alliances municipales entre modérés perdureront jusqu’au Programme commun de la Gauche du début des années 1970. Profitant du recul des gaullistes, la droite libérale fait son retour sur la scène locale. Gaston Defferre devient maire de Marseille et le restera jusqu’à sa mort, en 1986.