les trains d’equilibre du territoire
Gagner du temps sur le temps… L’Etat a visiblement décidé d’appliquer à ses « trains d’équilibre du territoire » (TET) la publicité que la SNCF elle-même fit diffuser sur le TGV il y a quelques années ! Le rapport sur ces trains lui ayant été remis il y a quelques jours, le gouvernement espère désormais que les décisions difficiles pourront se prendre sans faire trop de bruit, d’autant que le transfert programmé aux régions de toute la chaine de transports en dehors des agglomérations fournira un prétexte rêvé.
Qu’est-ce qu’un train d’équilibre du territoire ? Pour simplifier à l’extrême, c’est un train qui n’est ni un TGV ni un TER. La politique du tout TGV a menacé l’existence même de l’ensemble du réseau à la fin des années 1980. C’est le transfert aux régions des trains express régionaux (TER) en 1995 et 2002 qui a véritablement sauvé ces lignes menacées de disparition. Restaient les autres trains appelés dans un premier temps « trains intercités » puis « trains d’équilibre du territoire ». Il est bien loin le temps du nouveau roman où, dans La modification, Michel Butor fait évoluer son héros dans le compartiment du train de nuit Paris Rome…
Que dit le rapport Duron ? Intitulé « agir pour l’avenir », ce rapport a été rédigé à la demande du Premier ministre par l’ancien Président de la région Basse-Normandie. Il fait État de certains doublons avec les TER. Il indique la nécessité de « revisiter complètement l’offre, de dynamiser le réseau et d’offrir les solutions adaptées », en raison des déficits cumulés de ces lignes. Pour autant qu’il soit possible d’ailleurs d’isoler ce qu’est précisément un déficit d’une ligne de train ! Ces propos policés se traduisent par la volonté de fermer les lignes Toulouse (31) – Cerbère (66), Quimper (29) – Nantes (44), Bordeaux (33) – Toulouse (31), Marseille (13) – Nice (06) et Saint-Quentin (02) – Cambrai (59).
Pourquoi cela coince ? Pour trois raisons que sont la période préélectorale, le manque de moyens lié notamment à la situation de l’agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF) et le difficile aboutissement du projet de loi NOTRe.
- Premièrement, les élections régionales ont lieu en décembre de cette année. D’ici-là, il est illusoire de voir aboutir de quelconques avenants aux conventions qui existent entre la SNCF et les régions, pour que ces dernières participent financièrement. Le sujet, sensible, est appelé à demeurer polémique.
- Deuxièmement, le manque de moyens pour rénover ces trains provient du fait qu’ils tirent leurs fonds de l’AFITF. Celle-ci devait bénéficier de la manne de l’écotaxe. Non seulement elle ne sera pas mise en œuvre, mais l’Etat doit dédommager l’entreprise avec laquelle le marché avait été passé ! Certes l’Etat a décidé d’augmenter de deux centimes par litre la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) sur le gazole pour les voitures particulières et les poids lourds.
- Troisièmement, pour ce qui est du projet de loi NOTRe, les conditions difficiles de son aboutissement vont nuire à la traduction concrète du « qui fait quoi et avec qui » pour ce qui est de l’offre locales de transport. Même si l’accord des parlementaires en commission mixte paritaire laisse augurer d’un vote de la loi.