Le retour de l’inflation. Il en est largement question en ces jours de rentrée. Un mot connoté négativement. Car chacun imagine déjà le spectre de l’« hyper inflation » et le risque d’utiliser des billets à plusieurs zéros pour aller acheter son pain. Bien sûr, une inflation à 2% n’a rien à avoir avec une inflation dont les prix sont multipliés par 100 ou plus. Mais au fait, pour les collectivités locales, qu’en est-il ? Avec des budgets cumulés dépassant les 200 milliards d’euros, une inflation de 2% signifie que, ensemble, les collectivités « perdent » 4 milliards par an. C’est grave docteur ? Allez, un petit cours d’économie en cette pré-rentrée. Mais attention, le point de vue est celui de la collectivité…
Pour les emprunts passés : c’est bien. En effet, si vous avez souscrit à taux fixe, vous allez rembourser une somme qui, inflation déduite, se sera quelque peu dévalorisée. En revanche, si vous êtes en taux variable, votre intérêt risque fort bien d’en prendre un petit coup. Mais attention, pour les nouveaux emprunts que vous allez souscrire, le taux d’intérêt proposé par votre « partenaire » banquier aura intégré la hausse des prix : vous allez donc payer plus cher pour les années à venir.
Pour les rémunérations versées aux agents publics : c’est bien. La non-revalorisation du point d’indice, annoncée à grands coups de trompette, signifie que les collectivités vont payer des salaires identiques à leurs agents d’une année l’autre. « Bercy beaucoup » vous disent les 60000 employeurs locaux. Et comme les salaires représentent jusqu’à la moitié des dépenses de fonctionnement des communes…
Pour les subventions : c’est bien. Le versement des subventions intervient généralement au printemps. En automne, les services s’agitent sur les préparations des budgets de l’année suivante. Et là, hop, il sera tout loisible de préparer un petit discours sur le thème : « l’année prochaine, on maintient les subventions ». Ben oui, mais en euros constants, elles auront baissé… de l’inflation. Pratique, non ? Et vertueux en plus.
Pour les charges courantes de la collectivité : c’est pas bien. Tout simplement parce que les tarifs versés sont, eux aussi, corrigés de l’inflation… à la hausse : gaz, électricité, fournitures etc. Bon, en même temps, on ne peut pas gagner sur tout.
Pour les dotations de l’Etat, c’est pas bien. Oui, car l’Etat a annoncé – généreusement – qu’il maintenait les dotations d’une année sur l’autre ; c’est-à-dire qu’elles baissent en euros constants du montant de l’inflation. Ce faisant, il ne fait qu’appliquer le même raisonnement que la collectivité vis-à-vis des subventions, notamment aux associations.
Et alors, en définitive ? Les collectivités pourraient être tentées d’augmenter les taux des impôts. Enfin, uniquement celles qui maîtrisent les taux. Cela élimine déjà les régions. Pour les autres, l’effet de l’augmentation des taux se ferait sentir à l’automne 2019. A quelques mois des municipales…