La Monet de la pièce (électorale)
A ceux qui (re)prennent le train, nous vous rappelons que l’étiquetage des bagages, pardon des candidats, est obligatoire. Petite nouveauté : c’est le contrôleur lui-même qui va s’y coller. Trop sympa, non ? On vous explique les détails, avec les élections qui se pointent à l’horizon. Et, en ce jour anniversaire de naissance d‘Édouard Manet, prenons la direction du courant impressionniste pour rappeler quelques règles du (nouveau) droit électoral ; enfin celles qui prévalaient dans la France dirigée par le régime, autoritaire, de Napoléon III…
Pointillisme (électoral). Précisons que cette technique picturale utilise des petites touches de couleur… juxtaposées. Accolée à la sauce municipale moderne, cela donne ceci : « attribuer une nuance politique à chaque liste candidate ainsi qu’à chaque candidat de chaque liste… dans les communes de plus de 9000 habitants et les chefs-lieux d’arrondissement, quelle que soit leur population ». Et kicékikiva le faire ? Les préfets naturellement. Mais oui, ces petits Premiers ministres qui, sous le second Empire déjà, soutenaient officiellement les candidats avec des moyens pédagogiques simples, comme des affiches de couleur blanche, celle des documents officiels.
Embarquement pour l’ile de ci-terres (sénatoriales). Le chiffre des 9000 habitants a-t-il été choisi au hasard ? Poser la question c’est (presque) y répondre ! En effet, c’est le seuil à partir duquel tous les conseillers municipaux sont électeurs au Sénat. D’où l’intérêt d’un repérage ex ante de la (bonne) couleur des conseillers municipaux, en vue des élections pour la Haute assemblée de septembre 2020, qui verra la moitié du Sénat renouvelé. Et puis, ça peut servir aussi pour interpréter les résultats des municipales. En effet, « lorsqu’un candidat bénéficie de l’investiture de plusieurs partis, la nuance qui est attribuée est fonction de la nuance la plus fidèle de son étiquette déclarée ». On peut parier sur la très forte progression des élus étiquetés « centre » …
On ne Seurat que vendredi si le Conseil d’État donne raison à ces impertinents de la démocratie. Car un parti politique d’opposition parlementaire a osé saisir le Conseil d’État avec, notamment, une question simple : « une circulaire (non publiée) peut-elle abroger les dispositions d’un décret ? » Belle question pour les partiels de droit public des futurs avocats… Mais peut-être que le droit à la différenciation, agité tel un nouveau mantra ces temps-ci, va s’ouvrir aux potions électorales du ministère de l’intérieur ?