Observer ou réformer ?
Un observatoire des finances et de la gestion publique locale vient d’être installé le 19 octobre dernier. Il se substitue à l’observatoire des finances locales. Chic alors. Prévu par la loi relative à la nouvelle organisation territoriale de la République (NOTre) d’août 2015, il est une formation spécialisée du comité de finances locales. Et alors ?
Observer. Le lecteur, même attentif, doit ressentir quelque frustration ou désintérêt avant que des commentaires peu amènes ne fusent : « Encore un nouveau truc qui va préparer un rapport annuel soumis (naturellement) aux plus hautes autorités ». Quant au citoyen, il a besoin d’explications, plutôt que d’un nouveau « machin » ! Et pourtant, à y regarder de plus près, profitons-en pour élargir la focale et parler de réforme. Cette réforme que tout le monde appelle de ses vœux en raison de la donne financière à l’œuvre depuis quelques années.
Se référer à l’étrange défaite. L’ouvrage phare de Marc Bloch a été rédigé dans le feu de la défaite de 1940. L’historien y dénonce le « caractère bureaucratique », la « dilution de la responsabilité entre un trop grand nombre de niveaux hiérarchiques ». Il y pointe les conséquences d’une « déresponsabilisation des chefs, qui peuvent ainsi esquiver les solutions qui s’imposent », mais qui doivent pour cela « s’engager personnellement et de sortir des schémas de pensée traditionnels ». Pour le fondateur de l’école des Annales, « L’impuissance de[s] gouvernement[s] à définir honnêtement ses buts » est patente. Marc Bloch n’est pas tendre non plus avec le monde du travail, désirant « fournir le moins d’efforts possibles, durant le moins de temps possible ». Au niveau plus immédiat, Marc Bloch décrit donc un peuple mal préparé à affronter la tourmente.
Se réformer. Cette tourmente, c’est celle d’un système qui tourne à l’épuisement en « constats », « diagnostics (forcément) partagés », stratégies (évidemment) « co-construites ». Alors que la problématique est simple. Le service public fonctionne sur la redistribution. Or les moyens diminuent. Qu’il s’agisse des dotations de l’Etat ou de la fiscalité locale. La question suivante est simple : comment réformer dans ces conditions le monde local ? En ne morigénant pas sur un passé perdu, celui de l’argent facile, et qui ne reviendra pas. En acceptant et en faisant accepter que les interventions doivent baisser. En revoyant simplement mais radicalement les conditions d’intervention dans les territoires.