Paris – province
Les relations entre la capitale et les territoires n’ont jamais été simples en France. A l’aune de notre longue histoire, l’ont-elles d’ailleurs jamais été ? Deux livres, publiés à plus de deux générations d’intervalle servent de révélateur : Paris et le désert français en 1947 et la France périphérique en 2014. A l’aide de quelques épreuves du calendrier cycliste, échappons-nous du peloton… de l’immédiateté.
Paris-Tours : congrès et élections en vue. En prise directe avec les populations des classes populaires et des petites classes moyennes dans les territoires qui souffrent, les maires ont perçu très tôt la colère monter dans les territoires. Il faut revenir à la première conférence nationale des territoires (CNT) du 17 juillet 2017. L’espoir présenté par l’Etat d’une vision girondine des relations État- collectivités s’est transformé en incompréhension, notamment après les décisions d’annulation de crédits à destination des territoires, quelques jours plus tard. Au fil des mois, une opposition s’est formée puis durcie via les congrès et des prises de parole lors desquels les élus locaux ont dénoncé une pratique du pouvoir néojacobine.
Paris-Roubaix : attention aux pavés. Les élus locaux ont été des capteurs de la souffrance des territoires. Ils n’ont toutefois pas été les vecteurs de la mobilisation, qui en est désormais à sa quatrième semaine. Il est à noter que la mobilisation s’est faite principalement par les réseaux sociaux. Après avoir pris le pouls de la société, et dans une logique de sortie de crise, les élus vont désormais devoir recueillir les doléances, les revendications des citoyens pour les mettre en forme. Ils vont ainsi assumer, une fois de plus, le rôle de relais sur le terrain. Et ce, à quelques mois des municipales de 2020…
Paris-Bruxelles : l’impossible équation budgétaire. Entre l’Etat et « ses » provinces, c’est un jeu de mistigri permanent, sous le contrôle de l’Union européenne. Deux chiffres donnent la mesure de la révolution silencieuse, à l’oeuvre depuis 40 ans, réduisant le rôle financier de l’état dans ses interventions : sa part des dépenses dans le PIB est passée de 18 à 14% de 1979 à aujourd’hui. Certes, les collectivités ont pris le relais pour compenser peu ou prou le différentiel. C’est dire si les appels au secours des maires sont appuyés sur des éléments chiffrés macro-économiques simples, surtout lorsqu’il leur est demandé de nouveaux efforts. Sous le regard acide de Bruxelles, amoureuse des courbes plates.
Les débats locaux que les pouvoirs publics ont décidé d’organiser dans les trois mois doivent pouvoir déboucher sur des propositions de solutions acceptables par le plus grand nombre, notamment pour ce qui est de la fiscalité, qu’elle soit locale ou nationale. Le consentement à l’impôt n’est-il pas l’une des composantes essentielles du ciment d’un peuple ?