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Les pendules de Foucault

31 juillet 2018 | 0 commentaire

En ce jour d’examen d’une motion de censure, que vient donc faire Michel Foucault en plein cœur de l’été ? Et d’abord, le pendule, ce n’est pas lui. En dehors peut-être d’un clin d’œil facétieux à ses réflexions sur la prison et … la liberté, alors que certains « détenus particulièrement surveillés » – DPS pour les intimes – jouent les filles de l’air. Non, non, il s’agit ici de mettre en perspective son cours prononcé en 1979 au Collège de France, et plus particulièrement dans le rapport du pouvoir au(x) contrôle(s).

 

La volonté de savoir. Dans ses cours prononcés au Collège de France à la fin des années 1970, Michel Foucault traite des rapports entre la sécurité, les territoires et la population. Bon déjà, on se rapproche des sujets habituels ! Il cherche à démontrer comment l’économie politique, à partir du XVIIIe siècle, marque la naissance d’une nouvelle raison gouvernementale. Celle-ci chercherait à gouverner moins, par souci d’efficacité maximale. Michel Foucault entreprend dès lors l’analyse des formes de cette « façon de gouverner » libérale.

Surveiller et (ne presque pas) punir. La question de la limitation de l’action gouvernementale préoccupe la seconde moitié du siècle. Non, non pas le nôtre. Il s’agit du XVIIIe siècle ! Mais enfin, à quoi pensiez-vous ? C’est une époque d’extension de l’activité bureaucratique grâce au développement de la monarchie administrative. Et une opinion publique, de plus en plus autonome et vindicative, critique cette activité gouvernementale, volontiers identifiée à une manifestation d’absolutisme. Elle souhaite donc la limiter. Car le libéralisme implique un rapport complexe, si ce n’est ambigu, avec les libertés car il doit les produire mais, ce faisant, il risque de les détruire.

Qui veut gagner des millions (de contrôles) ?  Bon d’accord, le parallélisme avec Jean-Pierre, l’autre, s’arrête à l’homonymie. Et il est un extrait du cours de Michel Foucault qui garde une pleine actualité, près de quarante ans après : « conséquence de ce libéralisme et de ce nouvel art de gouverner, c’est la formidable extension des procédures de contrôle, de contrainte et de coercition qui sont comme la contrepartie des libertés de pouvoir ».

En mettant en évidence le rôle que joue la société, et ses contrepouvoirs nécessaires, par rapport au gouvernement, Foucault remettrait donc les pendules à l’heure. En expliquant que le libéralisme doit s’appuyer sur une logique de limitation gouvernementale…

 

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