plan numerique a l ecole : retour vers le futur
Un plan numérique pour l’école ? Mais c’est bien sûr ! Présenté par le Président de la République il y a quelques jours, ce (énième) plan n’est pas sans rappeler le plan informatique pour tous (IPT) de 1985 présenté par le Premier ministre de l’époque, Laurent Fabius, y compris dans le montant consacré en valeur actualisée : 1 milliard d’euros. Quand la concordance des temps se double d’un retour vers le futur…
Retour vers le futur. Il y a trente ans, en 1985, le plan informatique pour tous (IPT) devait permettre d’initier les 11 millions d’élèves du pays à l’outil informatique et de soutenir l’industrie nationale. Initié par Laurent Fabius, Premier ministre de l’époque, il visait à mettre en place plus de 120 000 machines dans 50 000 établissements scolaires et à assurer la formation, à la même échéance de 110 000 enseignants. Son coût était évalué à près d’1 milliard d’euros (valeur actualisée). La sélection des partenaires industriels avait été confiée à Gilbert Trigano, le cofondateur du club Méditerranée. Celui-ci a retenu des sociétés françaises comme Thomson et Bull notamment. Ce choix fut politique car son initiateur, Jean-Jacques Servan-Schreiber, avait marqué sa préférence pour Macintosh. La France laissa ainsi passer l’occasion de l’installation d’une usine Apple sur son territoire…
Concordance des temps. Le plan numérique pour l’école a été présenté par le Président de la République en clôture de la conférence de restitution de la concertation nationale il y a quelques jours à Paris. Il s’agit principalement d’un projet ciblé sur les collèges. Doté d’un milliard d’euros de budget, il prévoit un financement d’amorçage pour l’équipement individuel de tous les collégiens, la formation des enseignants du second degré et une plateforme de service nationale pour la diffusion des contenus. L’armature du plan repose sur la généralisation de l’équipement individuel, « une tablette ou un ordinateur », afin que 100% des collégiens, de la 5e à la 3e puissent en disposer à l’horizon 2018.
Cartable (et portefeuille) allégés. Un tiers de la somme prévue de 1 milliard d’euros sera prélevé sur le programme d’investissements d’avenir (PIA), que le gouvernement renouvellera l’année prochaine « pour pouvoir financer des investissements dans l’éducation, l’enseignement supérieur et la recherche ». Et les deux autres tiers, soit 650 millions, seront pris directement sur le budget de l’Etat. Le chef de l’Etat a assuré que « pour chaque euro investi par un conseil départemental dans l’équipement des élèves au collège, l’Etat mettra également un euro », n’hésitant pas à renverser la problématique du « décideur – payeur » et à ne payer que si les collectivités paient. Joli renversement de perspective…