Que fait la police (de caractère) ?
Nouvelle feuille de paie. C’est un grand spectacle pour un Persan de voir pour la première fois une feuille de paie de l’Ancien monde. Figure-toi qu’un édit du Roi a prévu jusqu’à la grosseur des caractères d’imprimerie, non pas de ce qui est versé aux sujets, mais de ce qui leur serait versé avant paiement de la taille, de la gabelle, de la patente et j’en passe !
Usbek à Rica. Nous sommes arrivés à Absurdie après moult jours de de navigation. C’est une contrée nouvelle. Elle est un témoignage du génie de cette nouvelle musique qu’est la tekno(cratie) et qui a fait d’une province poussiéreuse le représentant de la modernité… virtuelle. Je ne parle pas des choses qui frappent d’abord tous les yeux comme la différence des édifices, des habits, des principales coutumes. Non, non, je parle des bulletins de salaire.
De l’esprit des lois. Il y a jusque dans les moindres bagatelles quelque chose de singulier que je sens et que je ne sais pas dire. C’est ainsi qu’un arrêté du 9 mai 2018, publié au Journal Officiel du 12 mai 2018, « fixe les libellés, l’ordre et le regroupement des informations figurant sur le bulletin de paie mentionnées à l’article R. 3243-2 du code du travail ». Pour la composition de la mention « net à payer avant impôt sur le revenu » et de la valeur correspondant à cette mention, il est utilisé un corps de caractère dont le nombre de points est au moins égal à une fois et demi le nombre de points du corps de caractère utilisé pour la composition des intitulés des autres lignes ».
Des cris persans. Pour faire appliquer cette mesure avec toute la rigueur nécessaire, il serait envisagé de créer une police spéciale. Les gardiens de la révolution (chiffrée) seraient munis de pieds à coulisse et de règles à calcul. Avant de pousser des cris persans, à défaut de pousser des cris d’orfraie.
Le dessein de Rica et le mien est de nous rendre incessamment à Paris, patrie commune à tous les étrangers, afin d’observer une autre mesure qui fait parler d’elle : un règlement censé empêcher de garder les informations trop longtemps sur les sujets.