Le Président, le peuple et la démocratie
Peu de rapport de prime abord entre l’élection de l’homme le plus puissant du monde et les considérations territoriales made in France. Et pourtant, à y regarder de plus près, il est un personnage qui est à l’œuvre des deux côtés de l’Atlantique. Ce personnage, c’est le quarteron, cet être étrange composé de l’électeur, de l’usager, du contribuable et du citoyen. C’est en réalité chacune et chacun d’entre nous à différents moments de la vie de tous les jours.
Electeur. En 1948, le Président sortant Harry Truman brandit, hilare, la Une du Chicago Tribune qui titre en lettres énormes, dans son édition spéciale post-scrutin, sa propre défaite… alors qu’il vient de remporter l’élection de justesse. En donnant la parole au peuple, le résultat n’est donc jamais écrit d’avance. Aujourd’hui comme hier, des deux côtés de l’Atlantique.
Citoyen. A force « d’expliquer » dans les medias, avec force interviews, articles, scénarios catastrophe que, a priori, tel résultat électoral « n’est pas envisageable », ne serait-il pas temps de s’interroger sur le rôle optimal qui devrait être celui du quatrième pouvoir ? L’investigation plutôt que de l’assertion. L’enquête plutôt que les témoignages dans un seul sens. Ceci est valable quelle que soit l’échelle territoriale sur laquelle on se situe. Et qu’il s’agisse de politiques en place ou en campagne électorale.
Contribuable. Pour se forger une opinion juste sur la dépense publique, il ne faut jamais oublier qu’il s’agit de dépenses de redistribution. Cela signifie simplement qu’il faut produire pour redistribuer. Ou que les dépenses engagées doivent être gagées sur des recettes à percevoir, et ce dans un horizon proche. La question fiscale est devenue un sujet majeur. Le contribuable accepte aujourd’hui très difficilement de nouvelles hausses d’impôt quand il ne les refuse pas carrément.
Usager. Les pouvoirs publics sont confrontés non pas à une « crise » – terme galvaudé – mais à un changement complet de système que l’usager intègre parfaitement dans sa rationalité d’homo oeconomicus. Ce changement de système est lié à la baisse des ressources publiques disponibles pour conduire des politiques publiques. Et donc à la nécessité de mettre fin au cercle de l’augmentation sans fin des dépenses publiques. Au prix donc du renoncement à certaines interventions publiques.