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Poitou-Charentes : la mariee etait en noir

12 avril 2016 | 0 commentaire

Plusieurs milliards d’économies. C’est ce qu’était censé apporter les fusions de régions. Dans un même élan, le gouvernement Valls prévoyait de la lisibilité pour l’électeur, de la simplicité pour le citoyen et des économies pour le contribuable. La crise politique déclenchée par l’audit des comptes de l’ancienne région Poitou-Charentes révèle en fait l’échec de l’opération «régionalisation».

Les 400 coûts de la décentralisation. Le cas de Poitou-Charentes est un cas d’école des conséquences des fusions de régions opérées à marche forcée. Mais il n’est pas isolé. Loin s’en faut. Avant les élections régionales déjà, les élus de l’ancienne région Picardie avaient dénoncé le fait que leur région étant moins endettée que Nord-Pas de Calais, le contribuable futur allait payer pour la fusion. Plus récemment, le nouvel exécutif de la région Auvergne – Rhône Alpes s’est ému de la situation financière de l’ancienne Auvergne. En poussant plus loin l’analyse, le scandale de Poitou-Charentes marque en réalité l’échec du «modèle» régional français instauré depuis les années 1980. Tout d’abord parce que les régions se sont vus retirer le pouvoir fiscal à la fin des années 2000. Ensuite parce que dans les compétences transférées figure les transports express régionaux. Or les régions ne peuvent être propriétaires des trains qu’elles financent pourtant en totalité! Dans ces conditions, les «acquisitions» par crédit-bail de l’ancienne région Poitou-Charentes ne sont pas un cas isolé. Enfin, parce que les régions ont été sollicitées par les autres partenaires, aussi bien par l’Etat que par les communes, les intercommunalités et les départements, pour financer des actions hors de leurs champs de compétences. La clarification s’impose pour les prochaines années.

Des paroles et peu d’actes. Au-delà du scandale, que va-t-il se passer en réalité? Sur le plan financier, la nouvelle entité régionale Aquitaine – Poitou-Charentes – Limousin sera solidaire des engagements pris par les précédentes régions, qu’il s’agisse des emprunts ou des factures des divers fournisseurs. A la nouvelle région donc d’estimer le (sur)coût de la dette et de payer les engagements pris sous les mandatures de Ségolène Royal. Telle est la règle en matière de fusion de collectivités, qu’il s’agisse de communes ou de régions. Sur le plan politique, les règlements de comptes entre amis vont désorienter encore un peu plus les électeurs socialistes, et ce à un an du scrutin présidentiel. Sur le plan judiciaire, une longue bataille d’experts va s’ouvrir quant à la recherche de responsabilités, politiques et administratives.

C’est sur le plan citoyen que les dégâts risquent d’être les plus forts, jetant un peu plus encore le discrédit sur le système politique.

 

 

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