Rerum novarum
Quoi de neuf dans les territoires ? En ce 15 mai, jour anniversaire de l’encyclique de Léon XIII consacrée en 1891 à la question sociale, trop longtemps négligée par l’Église à la révolution industrielle, penchons-nous sur l’état des territoires, pour poser les premiers constats des changements à l’oeuvre depuis quelques semaines, suite à la crise du covid-19. A l’aide de quelques titres d’encycliques.
Au milieu des sollicitudes. Il est exact que l’État a manifesté sa bienveillante attention en direction des collectivités locales : délais allongés pour adopter son budget, rythme de versement des dotations inchangé, assurance de perception des impôts directs votés une fois les rôles notifiés. Au milieu d’une France engourdie, le maire se révèle être l’organe de référence dans les territoires. Et au-delà des dates d’installation pour les conseils élus le 15 mars et de la poursuite des opérations électorales pour les autres…
Une fois encore. Mais quoi donc ? Le département est sur le devant de la scène bien sûr. Comme échelon de l’État et des pouvoirs publics durant la gestion de la crise ? C’est indéniable. Comme collectivité locale de référence ? Il faudrait d’abord relire l’encyclique, euh non l’instruction, adressée par les deux ministres en charge des collectivités aux préfets. Cette dernière rappelle sèchement le rôle exclusif des régions en matière d’aides économiques et que l’État n’entend nullement revenir au monde d’avant 2015, lorsque toutes les collectivités étaient compétentes dans tous les domaines, et notamment l’économie. Les limites droite et gauche de la poursuite des débats autour du projet de loi « décentralisation différenciation déconcentration » sont bel et bien posées.
Pacem in terris (territorialis). Euh, enfin là il faudrait (re)voir… En effet, écrire que la sainte alliance entre les grandes associations (AMF pour les maires, ADF pour les départements et Régions de France) relèverait de l’euphémisme diplomatique. Territoires Unis semble n’avoir jamais aussi mal porter son nom. Réunies en 2017 devant un Etat qui semblait ne pas vraiment les écouter, les grandes associations se repositionnent aujourd’hui chacune de leur côté, avec un avantage aux maires de France. Les congrès annuels se préparent déjà.
Quadragesimo anno. L’approche du 40ème anniversaire de la loi du 2 mars 1982, portant droits et libertés des communes, départements et régions, va voir fleurir des colloques en tout genre dont on peut (quel scoop !) vous donner les grandes lignes : « la décentralisation inachevée » ou « préparons ensemble l’acte 5 des pouvoirs locaux ». Et si on partait plutôt des besoins exprimés dans les territoires ? De la compréhension, de l’écoute, de l’empathie, des procédures simples. Répondre présent dans les territoires version 2022 en quelque sorte…