Un budget moelleux
Présentation du budget de l’Etat 2019. Depuis que le budget existe, des habitudes se sont installées au fil des décennies. Voire des rituels. Allant jusqu’à ces belles pochettes à élastiques, toujours présentes dans les kits de rentrée des administrations, centrales ou locales. L’occasion justement de passer en revue quelques uns des mots et expressions utilisés pour qualifier un budget. Mais, rassurez-vous, on vous fera grâce de « disruptif » !
Une granulométrie variable. A la place de ce terme plutôt abscons, imaginez un tamis, qu’il s’agisse d’un instrument de cuisine ou de celui des anciens bacs à sable. Mettez tous les projets dedans. Ça veut dire que mes projets présentés vont être financés ? Pas si vite ! En fonction de la taille du tamis, vos projets sont emmenés vers la mer de la tranquillité ou bien retenus prisonniers dans le tamis. Ça veut dire que c’est bon ? Libre à vous de le penser…
A bas bruit. Pour la version « balargone », on dirait plutôt sous les écrans du radar, comme pour qualifier ces mesures qui se traitent en toute discrétion, telle une opération des forces spéciales. Il peut s’agir « d’ajustements techniques ». Cela est commode pour raccrocher au train budgétaire quelques cavaliers qui, loin de surgir de la nuit, seront découverts au 1er janvier dans la rubrique de votre quotidien favori, dans la rubrique « les tarifs qui changent au 1er janvier ».
Un budget moelleux. Non, non, il ne s’agit pas de la dernière pub pour une marque de pain de mie sans croûte. Mais de l’adverbe qui fait fureur ces temps derniers, non pas dans les dîners parisiens, mais dans les innombrables « réunions d’arbitrages budgétaires 2019 » qui se tiennent un peu partout en France, aussi bien derrière les lignes du périphérique (parisien) qu’au-delà. Les efforts demandés ? Moelleux. Les marges d’ajustement ? Moelleuses. La croissance ? Elle, elle est molle.
Dans cette conception résolument optimiste du budget, on est certain de rentrer l’édredon dans la valise comme disaient les grands-mères.