Voir Cahors et revivre
Un grand poète. Un pape français. Un mythe républicain. En termes de symboles, il pouvait difficilement arriver mieux pour la tenue de la conférence nationale des territoires (CNT) le 14 décembre. En effet, en accueillant le gouvernement pour trois jours, Le Pont Valentré va être au centre de l’attention des médias. Et comme Cahors se trouve être la ville natale de Clément Marot, du pape Jean XXII et de Léon Gambetta, que l’optimisme de la volonté l’emporte sur le pessimisme de la situation dans les territoires.
Pléiade (de comités). L’idée de réunir un comité interministériel pour l’aménagement du territoire (CIAT) remonte à 1960. Un peu plus tard, la mise sur pied de la délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale (DATAR) dote d’un outil de mission « l’aménagement du territoire à la française », sous la houlette d’Olivier Guichard puis de Jérôme Monod. De conquérant, l’aménagement du territoire devint dans les années 1970 le pompier de la crise économique. En 1993, le gouvernement décida de se réunir symboliquement à Mende (Lozère) pour tenter d’enrayer la crise des territoires, en décidant d’une pléiade de mesures.
Quel dogme pour les territoires ? Après la tenue à l’automne des congrès de leurs principales associations, les élus souhaitent avant tout effacer le souvenir calamiteux de la conférence nationale des territoires du 17 juillet dernier. Comment ? En tentant d’obtenir de l’Etat les inévitables « mesures », dont la lecture s’apparenterait davantage à un catalogue du nom d’un poète contemporain… Du côté du gouvernement, la revue de détails des conférences des territoires des cinquante dernières années passées lui donne une exigence sinon d’originalité du moins d’annonces concrètes, mesurables et réalisables dans un temps court. Ce qui est largement contradictoire avec la somme des projets en attente de financement dans les territoires…
Une « Grande conférence » ? Bien qu’ayant été de courte durée, le « Grand ministère » de Léon Gambetta (1881-82) reste dans les livres d‘histoire. Dès lors, que faudrait-il pour que la conférence de Cahors soit considérée comme une « Grande réunion » pour les territoires ? Peut-être que la juxtaposition (possible) de mesures s’efface devant la définition d’une politique d’aménagement des territoires. En dépit de moyens financiers désormais limités. Formons donc le vœu que les « mesures » prises à cette occasion s’effacent devant une vision.